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Marie Dupuy est sous le feu des projecteurs ces dernières semaines. Championne d’Europe du 15km élimination route à L’Aquila (Italie en août), la patineuse du Pibrac Roller Sports vient aussi de gagner le plus grand marathon roller du monde, celui de Berlin. La voilà maintenant focalisée sur la suite, à savoir un championnat du monde qui se profile… Dans cette interview, la patineuse du Pibrac Roller Sports revient sur une saison qui n’a pas toujours été de tout repos pour elle, mais qui lui apporte son lot de très bons résultats. On y voit le talent et la force d’un groupe club et du collectif France.

 

 

 

 

 

« On donne tout les unes pour les autres ! »

Marie Dupuy

 

 

 

 

 

 

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Bonjour Marie. Tu es en train d’accomplir une très belle saison avec l’équipe de France !

 

Bonjour ! Effectivement, je réalise une belle fin de saison ! Lors des derniers championnats d’Europe, j’ai décroché trois médailles d’argent (10km élimination piste, 1000m et marathon) et un titre sur le 15km élimination route. J’étais très stressée parce que je n’ai pas pu me mesurer à d’autres Européennes tout au long de l’année et je n’ai pu me tester que sur des championnats de France qui n’ont pas été particulièrement réussis. Je suis super contente de ce championnat dans une saison rendue difficile par des problèmes de santé et des choix pour les études que j’ai dû faire.

 

 

Notamment, vous avez réalisé des triplés inédits avec tes coéquipières…

 

Nous sommes parties avec beaucoup d’humilité avant chaque course. Jamais on ne s’est imaginée une seule fois pouvoir réaliser deux triplés ! Notre coach en l’équipe de France, Thomas Boucher, a défini une leader et une coéquipière sur les trois alignées qui pouvaient éventuellement terminer sur le podium. Au final, on devait toutes les trois donner le meilleur de nous-même et ça s’est très bien déroulé. Le circuit routier était très particulier. Après le dernier jour de piste, qui a été très nerveux pour moi, cela me tenait à cœur de réaliser un beau championnat route. Je me suis convaincue que le revêtement n’était pas si terrible que ça et je pense que je disposais des bonnes roues également (Phoenix). On a essayé de se soutenir toutes les quatre (les fondeuses) pour se donner de la confiance pour le championnat route. Je suis une personne très loyale, donc pour moi c’est très important de voir mes coéquipières et copines gagner leur course, au même titre que cela doit leur faire plaisir de me voir lever les bras à l’arrivée. Je suis très fière de mon équipe Senior féminine : on donne tout les unes et les autres !

 

 

 

 

 

 

 

« Gagner à Berlin, je n’en reviens toujours pas ! »

 

 

 

 

 

 

 

Individuellement, tu as réussi le rêve de toutes les patineuses de gagner le marathon de Berlin. Comment s’est passée ta course ?

 

Je n’en reviens toujours pas ! Je n’aurai jamais cru qu’un jour mon nom ferait partie des gagnantes du marathon de Berlin ! J’avoue que je n’avais pas de très bons souvenirs du marathon. La dernière fois que j’y avais participé en 2019, il pleuvait beaucoup et le circuit était très glissant avec de multiples chutes. On a échappé de peu à la pluie pour cette édition et heureusement… Au début de la course, nous étions toutes prudentes à cause de certaines parties qui n’avaient pas encore séché sur la route. La course n’est pas allée très vite mais elle était rythmée par des attaques de Josie Hofmann, toujours rattrapée. Pendant ce temps, j’attendais vraiment la fin du marathon pour le sprint. L’équipe de Lianne van Loon a imprimé un rythme soutenu pendant les cinq derniers kilomètres et c’était assez nerveux dans le peloton avec des déplacements. Sandrine Tas m’avait conseillé d’être bien placée au niveau du passage de la porte de Brandenburg pour ne pas être freinée dans le peloton sur les pavés. Je crois être passée seconde au niveau de la porte et j’ai lancé mon sprint assez tôt, à environ 300m de l’arrivée, pour ne pas me faire déborder sur les côtés et pour ne rien regretter… et j’ai passé la ligne d’arrivée en première position ! Ma première pensée c’était : « est-ce que c’était bien la ligne d’arrivée ? Est-ce que je ne me suis pas trompée ? » et j’ai vu mon copain Timothy Loubinaud lever les bras loin devant moi pour me dire « c’est bon, tu as gagné ». Et j’ai compris ce qui venait d’arriver.

On imagine qu’il y a un très gros travail derrière tout cela pour arriver à ce niveau.

 

Comme je l’ai dit plus haut, j’ai dû faire des choix cette année, notamment au niveau de mes études. J’étais en BTS et c’était l’année de mes examens, avec de nombreux stages (15 semaines) qui ne se sont pas déroulés dans les environs de Toulouse mais dans des endroits où l’accès à des entraînements qualitatifs était compliqué. J’ai dû m’entraîner principalement seule. Je n’ai pas eu une très bonne préparation hivernale et dès que je suis sortie de cette préparation, on m’a détecté un problème de santé qui m’a sorti du circuit des courses pour un mois et demi. Quand j’ai eu le droit de reprendre, j’ai eu l’impression de devoir recommencer à zéro toute ma préparation et ça n’a pas été facile. Le groupe de Pibrac m’a permis de me redynamiser et de me remobiliser. On se soutient tous les uns les autres, ce qui nous permet, quand on a un coup de moins bien, de se sentir mieux ou en tout cas moins au fond du gouffre ! Mon dernier stage pour les études s’est déroulé à Font-Romeu et j’ai pu y bénéficier d’un super cadre d’entraînement. C’est ce qui m’a motivée et j’ai eu le déclic que ma saison ne pouvait pas se terminer d’une façon aussi pourrie… J’ai passé l’été chez Timothy, où je me suis entraînée seule mais encadrée par mes entraîneurs Mathieu Miquel et Hervé Bernardi. Et là, je suis de retour à Pibrac où nos entraînements, plutôt intensifs, se passent pour le mieux. Et j’ai obtenu mon BTS en prime ! L’année dernière, le groupe s’était entraîné pour Alison Bernardi, Matthis Rocher et moi jusqu’à notre départ pour Ibagué, ce qui nous a permis de se préparer de manière optimale. Notre groupe est très sain et il fait la force du club !

Et maintenant, qu’est-ce que tu vises ?

 

Nous allons avoir un stage du 29 septembre au 3 octobre afin de sélectionner les patineurs de l’équipe de France qui partiront aux championnats du monde à Buenos Aires en Argentine [NDLR : cette interview a été réalisée avant ce stage]. J’espère décrocher ma sélection en premier lieu. Le plus important pour moi est de prendre du plaisir, de m’amuser et de faire les meilleures courses possibles, qu’importe le résultat à l’arrivée. Ensuite, je sais que les championnats se suivent et ne se ressemblent pas donc je compte donner le meilleur de moi-même et du côté performance, j’espère décrocher des médailles, si ce n’est pas un titre. Mes courses de prédilection sont le 1000m, où j’ai décroché ma première médaille en catégorie Senior, et les courses à élimination.

 

Merci pour cette interview Marie : nous croisons les doigts pour la suite.

 

 

 Le Pibrac Roller Sports

Le collectif et les individualités

 

 

« Nos patineurs ont du talent. » Quand Mathieu Miquel parle de ses protégés, il ne tarit pas d’éloges. L’entraîneur du club de Pibrac depuis 2007, conjointement avec Hervé Bernardi depuis 2012, a encore vu ses deux Seniors femmes Marie Dupuy et Alison Bernardi rentrer des championnats d’Europe de L’Aquila (Italie) avec sept médailles en tout. C’est donc peu dire que le talent est là. Mais le travail aussi. C’est tout un groupe qui pousse, 140 patineurs qui s’épanouissent, non loin de Toulouse, sur la piste et même en dehors.

 

Au Pibrac RS, on parle de la course toute l’année, sans discontinuer. « Cette saison est particulière, parce qu’elle est très longue [NDLR : les championnats du monde vont avoir lieu dans quelques semaines en Argentine] : c’est un casse-tête pour la programmation… Mais sinon, on est actif douze mois sur douze » explique Mathieu Miquel. « L’hiver, nous faisons du volume, du foncier, du home-trainer, des exercices au sol et de la musculation. Durant la saison, nous continuons. L’objectif est de diversifier au maximum car nous proposons à nos athlètes cinq à six entraînements par semaine. »

La force du club, c’est son organisation en groupes. Le groupe 1 est celui qui inclut les Juniors et les Seniors. Le groupe 2, qui va des Poussins aux Cadets et qui est entraîné par Sara Back Briand depuis cette saison (par Nolan Beddiaf jusqu’en 2021), fait parfois des entraînements en commun avec le groupe 1, les échauffements notamment. Il y a aussi un groupe 3 pour les plus petits et l’école de patinage. En plus de la diversification dans les séances, le club a la chance de bénéficier d’une piste et de pouvoir s’entraîner sur les anneaux routiers de Plaisance-du-Touch et de Colomiers.

Est-ce la recette du succès ? Pas seulement. « Nous avons pu nous appuyer voilà quelques années sur l’expertise d’Albert Souviraa, président de l’Institut du sport à Toulouse et cardiologue. Il nous a accompagné, nous a apporté son savoir-faire, ce qui nous a permis de structurer notre programmation et de mieux construire nos entraînements. » se rappelle Matthieu Miquel. Marie Dupuy, Alison Bernardi, Jeanne Frugier et Quentin Pujol ont également été suivis pendant huit mois durant la saison 2020-2021 par un préparateur mental, Claude Martignon (ancien patineur de vitesse lui-même). On ne le dit pas assez, mais tout sport est une science qui nécessite réflexion.

 

Cinq athlètes sélectionnés en équipe de France cette saison

 

« Cette saison est pour l’instant exceptionnelle » souligne Mathieu Miquel. « Nous avons ramené beaucoup de médailles des championnats de France, grâce à dix patineurs. Cinq de nos athlètes ont été sélectionnés en équipe de France pour le championnat d’Europe. Jeanne Frugier et Quentin Pujol portaient la combinaison bleu-blanc-rouge avec les Juniors A. Marie Dupuy a ramené un titre et trois médailles d’argent tandis qu’Alison Bernardi est une fois titrée, une fois vice-championne d’Europe et une fois médaillée de bronze. » Le bilan n’est pas clôt puisque le championnat du monde se profile, avec des patineurs de Pibrac dans la sélection tricolore.

Les deux entraîneurs du club sont d’ores et déjà comblés. Ils se dépensent eux-mêmes sans compter pour faire participer leurs protégés au maximum de compétitions et les préparer le mieux possible. Ils jonglent aussi avec les individualités pour que le collectif demeure une force qui permettra à tout le monde de progresser et d’atteindre ses buts. « Ils sont plus forts ensembles que tout seuls » résume Mathieu Miquel.

Bientôt une piste couverte…

Pibrac, c’est un haut lieu du roller de vitesse en France. La piste a déjà vu passer trois championnats de France (le premier en 1987) et 35 éditions des 3 Pistes. En 2023, le fameux trophée international se déroulera d’abord à Pibrac, puis à Valence d’Agen et enfin à Gujan-Mestras. La piste de Valence devrait être rénovée pour accueillir le championnat d’Europe cette même année. « A Pibrac aussi, nous avons un projet d’infrastructure, note Mathieu Miquel. Une piste couverte de 200m devrait voir le jour prochainement… » Le président du club depuis 1987, Daniel Bonithon, ainsi que le bureau directeur, œuvrent avec toute leur énergie à l’aboutissement de ce projet.

Une piste couverte : voilà un argument qui risque de repousser le jour de la retraite sportive pour Mathieu Miquel. Il en est même loin à vrai dire ! Les résultats de ses protégés ainsi que leur niveau scolaire (Alison Bernardi et Téo Majdar sont à l’INSA, Marie Dupuy vient d’obtenir son BTS, entre autres) stimulent aussi l’entraîneur-patineur qu’il est. « Je suis licencié au club depuis 1986 et je continue de rouler avec les jeunes » explique-t-il. « J’adore le roller de vitesse, je participe à des compétitions locales et j’envisage de reprendre les compétitions Masters en 2023 ». Voir le Pibrac RS réussir à tous les niveaux, des plus petits jusqu’aux plus grands, à l’échelon national comme au niveau international, ça ne serait qu’un juste retour des choses. L’illustration que le collectif et les individualités s’accordent parfaitement dans notre sport.

 

Interview : Vincent Esnault 

Photos : Berlin-marathon Inlineskating, Pibrac Roller Skating et Cécile Vincent