Trouver un club Espace dirigeant Espace licencié Boutique Presse Partenaires
Logo de la fédération française de roller et skateboard

Présentation du pôle espoir de Saint-Brieuc par Vincent Morvan
« Les méthodes sont importantes, mais surtout les individus »

 

Les médaillés du Pôle Espoir de St Brieuc sur le 200m – Championnat de France Piste 2022

 

 

Il le confesse lui-même : « cette saison a été chargée émotionnellement et mentalement ». Quand on est à la tête d’un pôle espoir, une structure comprenant 16 patineurs de vitesse et un staff de 5 personnes, sans compter les autres intervenants (les structures scolaires notamment), on vit forcément des moments forts. « Je suis un perfectionniste et un insatisfait : je cherche toujours à améliorer et à mieux structurer » explique le coach breton. Avec un tel niveau d’exigence, les résultats suivent, forcément. « Nous avons obtenu notre meilleur total de médailles cette saison au niveau national, 30 en tout. »

Mais d’un championnat à l’autre, le cœur de Vincent Morvan a été mis à rude épreuve. Le bilan du France route d’Alençon était « moyen » : 9 médailles réparties sur quatre patineurs (et beaucoup de places d’honneur). Le bilan du France piste de Saint-Pierre-lès-Elbeuf a complètement renversé la tendance : 21 médailles pour onze patineurs différents, la meilleure performance de l’histoire du pôle briochin. A quoi tout cela tient-il ? La performance est-elle une affaire de hasard ? Loin s’en faut…

16 pensionnaires cette saison

Le pôle espoir de Saint-Brieuc existe depuis 2013. Parmi ses premiers pensionnaires, des noms évocateurs, comme ceux de Nolan Beddiaf, Gwendal Le Pivert ou encore Pauline Jégouic. « Nous accueillons toujours 11 patineurs en moyenne depuis que la structure existe », se remémore celui qui en est à sa tête depuis ses débuts. « En mai 2021, nous avons organisé un stage de pré-sélection pour la rentrée suivante avec 25 postulants, dont ceux du groupe de l’année en cours. Le Covid est passé par là et il était difficile de faire des choix. C’est la raison pour laquelle nous avons retenu 16 noms sur la liste : 7 entrées et deux sorties. » Vincent Morvan le confesse, cette situation présente des avantages et des inconvénients : le groupe est plus étoffé, donc c’est intéressant pour le travail collectif ; en revanche, c’est plus complexe d’individualiser et il est impossible de prendre parti pour
l’un ou pour l’autre pendant les compétitions… 
Comment intègre-t-on le pôle espoir ? « Je bénéficie d’une certaine liberté et d’une certaine confiance, mais je fais le travail de sélection en collaboration avec Thomas Boucher [le
sélectionneur des équipes de France] et Thomas Dauvergne [à la tête de l’autre pôle espoir à Dijon] ». La procédure est « nationale » puisque les postulants peuvent se positionner soit sur un pôle espoir, soit sur un pôle France, avant d’obtenir une réponse. « Nous faisons parfois de véritables paris : je cherche par exemple des profils de patineurs un peu esseulés dans leur club, comme Marine Balanant ou Yvan Sivilier, afin que l’effet pôle joue au maximum » raconte Vincent Morvan.

 

« Nous insistons sur le double projet sportif et scolaire »

Au pôle espoir de Saint-Brieuc, les journées sont forcément orientées vers le roller de vitesse. Les jeunes athlètes poursuivent leur scolarité au collège Saint-Yves ou au lycée du Sacré-Cœur. Les emplois du temps sont discutés dès le mois de juin, les patineurs côtoient d’autres sportifs des sections BMX, de la section féminine de l’En-Avant de Guingamp ou encore les U18 du Stade Briochin, ainsi que des nageurs. « Les patineurs ont très bonne réputation au sein des établissements scolaires d’accueil. Nous insistons sur le double projet sportif et scolaire et ça porte ses fruits, glisse fièrement le coach. Nous avons eu 100% de réussite au bac cette année, beaucoup de mentions… »

Si, sur le plan scolaire, les résultats sont très satisfaisants, sur le plan sportif, rien n’est laissé au hasard. « J’ai dû constituer autour de moi un vrai staff médical, car le Creps est à Dinard. Nous collaborons avec un médecin du sport, une ostéopathe, une psychologue du sport qui peut être consultée une fois par mois par ceux qui le désirent et une thérapeute en hypnose. Maureen Hays nous a aussi rejoint en tant que kinésithérapeute et préparatrice physique : elle connaît parfaitement son sujet, travaille individuellement avec les athlètes sur les séances de musculation et les déséquilibres posturaux ». Vincent Morvan est par ailleurs resté très complice avec Rémi Hubert, basé à proximité à Dinan, parti entraîner la sélection belge depuis peu, mais avec lequel il échange beaucoup. « Il reste des choses à faire, forcément : je suis très attentif au sommeil, aux téléphones portables, à l’alimentation, en concertation avec la cantine du lycée… »

8 patineurs sélectionnés en équipe de France

Il restera toujours à faire, mais le coach peut être fier des résultats. Grâce au soutien du département des Côtes d’Armor, de la région Bretagne, de la Fédération mais aussi de la Ligue de Bretagne cette année, les athlètes du pôle ont pu s’aligner sur des courses à l’étranger, en Italie ou encore à Madère au Portugal, et se confronter aux meilleurs de leurs catégories respectives. « Je les ai fait courir en équipe à cette occasion, avec des leaders différents selon les épreuves pour les confronter à plusieurs types de situations ». Résultat un peu plus tard dans la saison : 14 patineurs ont ramené des médailles des championnats de France et 8 sont sélectionnés en équipe de France pour aller plus loin encore, vers le championnat d’Europe…
Le pôle espoir de Saint-Brieuc est, vous l’aurez compris, un pôle d’excellence à plusieurs points de vue. « Mon objectif, c’est de les coacher pour qu’ils n’aient pas de regret, qu’ils se transcendent. Mais je suis avant tout un éducateur sportif, explique Vincent Morvan : je leur inculque le respect des adversaires et des valeurs de responsabilité et d’autonomie qui leurs seront utiles dans leur vie future. » Tout est pris en compte, aussi bien les aspects physique, tactique que technique. Forcément, une petite compétition s’instaure entre eux, mais c’est aussi une forme d’émulation dont ils devront se servir plus tard. Car le but du pôle espoir de Saint-Brieuc, c’est d’être une passerelle vers les équipes de France et les pôles France de Nantes et de Talence. En cette fin juillet, alors que le France piste est passé et la saison 2022 à moitié terminée, Vincent Morvan aurait pu refermer ce chapitre du grand livre du pôle espoir. En fait, il est toujours sur le qui-vive : il reste le championnat d’Europe à suivre, donc les entraînements pour les sélectionnés à proposer. Mais de toute façon, tous les pensionnaires du pôle ont un programme individualisé cet été.

Vincent, lui, pense déjà à la saison prochaine. « Nous allons accepter 13 dossiers à la rentrée de septembre. J’espère aussi pouvoir aboutir sur le projet de réfection de la piste de Saint-Brieuc (un Vesmaco ?). Certes, l’anneau routier de Lamballe et la piste d’Etables-sur-Mer sont de belles infrastructures, mais nous n’y allons qu’une dizaine de fois par saison. Il nous reste la grande halle près du patinodrome et la salle Steredenn, qui nous sont accessibles toute l’année et surtout couvertes : ce sont de très bons outils. Mais avoir une piste digne de ce nom, ça serait l’idéal… » Et puis, en 2023, le pôle espoir va se donner un parrain de promotion : « Ça sera Nolan Beddiaf, qui incarnera très bien cette institution qu’est devenue le pôle dans la région ». Un ancien pensionnaire, multiple champion du monde, pour montrer la voie au pôle de tous les espoirs…

 

Interview avec Arthur Lebeaupin, membre du pôle espoir de Saint-Brieuc

Arthur Lebeaupin en tête de course

« Je me suis amélioré cette année »

Arthur Lebeaupin est un patineur talentueux, très impliqué et méthodique. Le sociétaire de l’ADEL Roller Sports, multiple champion de France, a été sélectionné en équipe de France pour les championnats d’Europe 2021 dès sa première année de Junior B : il est revenu de Canelas (Portugal) avec un titre (au relais sur piste) et une médaille de bronze (à la course à points sur route). A la rentrée suivante, il a intégré le pôle espoir de Saint-Brieuc pour continuer à progresser et à viser plus haut. Depuis le début de la saison 2022, il cumule les titres et les accessits. C’est tout naturellement qu’il a obtenu une nouvelle sélection en équipe de France pour le championnat d’Europe de L’Aquila.

Bonjour Arthur. Félicitations pour ta sélection en équipe de France !

Merci ! Pour arriver à ce résultat, j’ai enchaîné des entraînements réguliers avec le pôle espoirs de Saint-Brieuc et beaucoup de compétitions à l’étranger comme en Allemagne, en Italie, ou au Portugal (à Madère). Au championnat de France route d’Alençon, j’ai pu cumuler trois titres sur le 100 mètres, la course à élimination et la course à points, et j’ai également fait troisième sur le tour. Et mes résultats au championnat de France piste de Saint-Pierre-lès-Elbeuf sont les suivants : deux titres sur la course à élimination et le 500 mètres et j’ai aussi terminé deuxième sur la course à point, troisième sur le 200 mètres et cinquième au 1000 mètres.

Tu as intégré le pôle espoir de Saint-Brieuc voilà presque un an. Qu’est-ce que cela t’apporte dans la pratique du roller de vitesse ?

Les entraînements au sein du pôle m’ont permis de progresser grâce à de nouvelles structures et des nouvelles connaissances apportées par Vincent Morvan (mon entraîneur). Cette année, je dirais que j’ai amélioré tout dans l’ensemble, que ce soit en sprint ou en fond. L’adaptation au pôle a été plutôt facile en terme d’entraînement et avec le groupe.

Quels sont tes objectifs à court terme, notamment dans la perspective du championnat d’Europe de L’Aquila ?

Mes objectifs en perspective du championnat d’Europe à L’Aquila sont de remporter un maximum de médailles pour la France sur les courses de fond ou de vitesses. Une sélection en équipe de France représente la fierté de courir sous les couleurs nationales.

Merci Arthur. Nous te souhaitons le meilleur, ainsi qu’à tes coéquipiers !

Vincent Esnault

Photos : Jean-Marc Garcia et Olivier Lemaître