La France fait partie des nations phares de la descente au niveau mondial. Cela s’est confirmé une nouvelle fois à l’occasion des World Roller Games 2017 à Nankin (Chine) où les Bleus reviennent avec deux titres. Sébastien Rastegar s’est imposé lors de l’épreuve d’inline cross.
Bonjour Sébastien, peux-tu nous raconter le run qui t’a permis de décrocher le titre ?
Tout d’abord parlons du contexte. L’épreuve s’appelle l’inline cross, il s’agit normalement de courses à 4 où les 2 premiers se qualifient pour le tour suivant. Par rapport à l’épreuve chronométrée où seule la rapidité compte, il s’agit ici plutôt d’expérience, de stratégie, et de ne pas avoir peur de rouler collé aux autres. Cette année le tracé étant étroit et technique, les entraînements et l’épreuve chronométrée ont donné lieu à beaucoup de chutes plus ou moins spectaculaires, allant jusqu’à agacer les officiels chinois. La décision a donc été prise de nous faire partir par 2 afin de réduire les risques.
Nicolas Varin (vainqueur de l’épreuve chronométrée) et Sylvain Behr s’étant blessés lors de l’épreuve chronométrée, je savais qu’il y avait de fortes chances que je me retrouve en finale contre le suisse Christian Montavon, multiple champion du monde de la discipline qui m’a toujours impressionné lorsque j’ai eu affaire à lui sur ce genre d’épreuve, ou l’italien Augustin Tussetto au style très particulier puisque « vitesseux » à l’origine, et freinant au frein tampon pour prendre le moins de risque possibles tout en gardant ses roues glacées, ce qui lui donne un énorme avantage d’adhérence en virage.
L’arrivée de la demi-finale a été impressionnante avec Tussetto qui parvient à lancer le patin devant Montavon sur la ligne d’arrivée. Sachant mon désavantage à la poussée et en adhérence, il n’y avait qu’une stratégie à adopter : passer devant l’italien le plus tôt possible et lui slider dans les pattes pour le secouer psychologiquement.
Départ donné, j’ai pu partir plus fort et je suis allé me placer devant afin de l’empêcher de me dépasser à la poussée. Je me suis mis en tête de raser le plus près possible l’intérieur des virages dans la section rapide du haut afin de le pousser à la faute, la visibilité faisant toujours défaut au suiveur, puisqu’en descente il faut se coller à l’autre pour profiter de son aspiration et le dépasser. Je suis parti volontairement en glisse dans le premier virage droite, très appuyé et en aveugle, dans l’optique d’aller tout droit pour raser l’intérieur du suivant. A ma grande surprise et profitant de son adhérence supérieure, l’italien a réussi à me dépasser par l’intérieur en sortie de virage au moment où je m’y attendais le moins, avant de se rendre compte qu’il sortait trop large du virage, de tenter de corriger sa trajectoire probablement un peu trop brusquement et de partir en glisse pour aller s’encastrer dans le mur du virage droite.
Après avoir regardé plusieurs fois derrière moi pour m’assurer que tout allait bien, j’ai pu terminer mon run sans prendre de risque inutile.
Qu’est-ce que ton titre a changé dans ta vie ?
Rien, à part que je ne sais pas où me mettre lorsque quelqu’un en parle devant moi !
Est-ce que ça t’a permis d’être approché par des sponsors ?
Malheureusement non, avec Nicolas Varin nous espérons pouvoir nous appuyer sur nos titres respectifs afin d’en trouver à plusieurs.
Quelle expérience retires-tu de ces premiers Roller Games ?
Avant tout un beau voyage et le bonheur de partager ma passion avec des patineurs venus de toutes les régions du monde.
Quelle est la photo ou vidéo illustre le mieux ta saison et pourquoi ?
Il s’agit d’un run d’entraînement sur la piste de bobsleigh de Sotchi, où nous nous étions amusés à tourner le poignet pour garder la caméra à peu près à plat, montrant l’angle que nous prenons dans les virages. Se concentrer à la fois sur cette tâche et sur la descente étant très compliqué, je me rends compte que je deviens vraiment très à l’aise dans l’exerice de ma discipline, loin du stress des débuts !
Si la vidéo ne démarre pas, merci de cliquer ici
Y-at-il un proverbe dans lequel tu te reconnais ?
« Mieux vaut vivre un jour comme un lion que cent ans comme un mouton »
As-tu un gri-gri / un porte-bonheur ? Si oui, lequel ?
Aucun, je ne crois pas à ces choses-là et n’aimerais pas en dépendre.
Tes objectifs pour la saison à venir ?
Obtenir le titre au chronomètre si possible, en espérant que l’épreuve se déroule sur la magnifique route à 17 % qui longe la piste de boblseigh de Sochi.
Sur un plan moins personnel, aider le développement de cette discipline notamment en donnant des conseils et pourquoi pas organiser des stages ponctuellement à l’étranger. J’ai quelques contacts intéressés et j’espère que cela se concrétisera !