Il l’a (re)fait ! Déjà couronné à l’issue du marathon des deux précédentes éditions des World Skate Games (anciennement Roller Games), Nolan Beddiaf est (re)devenu champion du monde du marathon à Buenos Aires. Le Français s’est sorti de tous les pièges du circuit tracé dans les rues de la capitale argentine. Ses coéquipiers de l’équipe de France ont eu un rôle crucial dans ce couronnement, démontrant encore une fois que le roller de vitesse est un sport individuel qui se pratique en équipe.
7h dimanche matin. Le jour est déjà levé depuis près de deux heures. L’atmosphère est douce. Les participants à la dernière épreuve de ces World Skate Games 2022 en roller de vitesse arrivent petit à petit à Puerto Madero, un quartier de Buenos Aires. Beaucoup ont déjà repéré le circuit : trois tours d’un peu moins de 7km, puis une grande virade dans la capitale, de nombreux pièges visibles (trous dans la route, grosses plaques, passages de rails, sols grattonneux), deux belles petites montées et le vent qui tournoie et qui rend la course encore plus physique. Ce qu’ils ne savent pas encore, c’est que par endroit, la circulation n’est pas totalement coupée dans la ville…
Pour l’équipe de France masculine, la tactique est clairement établie. Au kilomètre 25, il y a une belle côte d’environ 200m, suffisante pour créer une différence. Elle débouche sur l’ambassade de France : un symbole. C’est là que les Bleus veulent attaquer et lancer sur orbite une échappée.
La côte de l’ambassade de France
Pour lors, les quelques 250 participants du marathon masculin, Juniors, Seniors et Masters, se massent sur la ligne de départ. Il est 8h et c’est au coup de sifflet (!) qu’ils s’élancent. Le peloton serpente à plus de 40km/h entre les grands immeubles de Puerto Madero. Les Français sont bien placés tandis que le paquet s’égrène petit à petit. Seule une cinquantaine d’unités sortira de la presqu’île alors que les larges avenues se déploient devant eux. Un long aller vers le Nord-Est en longeant le Rio de la Plata, puis le retour vers le centre-ville, et la fameuse « côte de l’ambassade de France » se rapproche.
Et la tactique de l’équipe de France se met en place. Valentin Thiébault se positionne en tête, devant la file bleue. Il y place une accélération surpuissante sur 700m et tout le (reste) du peloton craque. Doucelin Pédicone, Martin Ferrié et Nolan Beddiaf sont sur la voie royale, sur les « champs Elysées », suivis de quelques Colombiens notamment. Une autre course commence dans les larges avenues venteuses de Buenos Aires, parmi lesquelles l’avenue du 9-Juillet, et autour des grands monuments de la ville : l’obélisque, la résidence présidentielle…
Nolan jusqu’au bout de ses forces
Avant le passage technique autour de la résidence présidentielle justement, Nolan Beddiaf parvient à créer un écart en compagnie de Juan Mantilla (Colombie). Ce dernier semble très fort. Encore une douzaine de kilomètres avant de rejoindre l’arrivée à Puerto Madero… Le duo aurait pu finir ensemble si une voiture n’avait pas stoppé net Mantilla dans son élan, alors qu’il avait creusé un petit écart devant. La suite : un contre-la-montre individuel de 4km pour Nolan vers l’arc-en-ciel, jusqu’au bout de ses forces. Derrière, l’Equatorien Jorge Bolanos a réussi à fausser compagnie au reste du peloton pour s’adjuger la médaille d’argent. Il reste encore un métal à prendre, et c’est le Junior Manuel Taibo, tout en puissance, qui va la chercher devant le Belge Jason Suttels, le Colombien Alex Cujavante, Martin Ferrié et les autres.
Avec ce nouveau titre, le deuxième dans ce championnat et son troisième dans les World Skate Games, Nolan revient sur « le toit du monde ». En voyant les images du déroulement du marathon en direct, on peut dire sous forme de boutade qu’on préfère « le toit du monde » au « toit d’une voiture ou d’un bus ». Si ce n’était qu’une boutade… De nombreux patineurs et de nombreuses patineuses ont évité le pire dimanche matin à Buenos Aires. Sincèrement, on aimerait vraiment ne plus revoir cela…
Le classement général
1 – Nolan Beddiaf (France), les 42km en 1h04’19
2 – Jorge Bolanos (Equateur), à 4 secondes,
3 – Manuel Taibo (Espagne), à 21 secondes,
4 – Jason Suttels (Belgique), même temps,
5 – Alex Cujavante (Colombie), mt.,
6 – Martin Ferrié (France), mt.,
7 – Yangcheng Chen (Taiwan), mt.,
8 – Carlos Tarazona Ropero (Venezuela), mt.
9 – Doucelin Pédicone (France), mt.
Et le premier peloton de 15 patineurs.
Une arrivée au sprint massif chez les femmes
Chez les femmes, c’est un peloton massif de patineuses Juniors, Seniors et Masters, qui s’est élancé sur le circuit de Puerto Madero, cinq petites minutes après celui des hommes.
Alors que la file s’amenuise au fur et à mesure de la course, surmontant un à un, tantôt dans la douleur, souvent avec stupeur, les obstacles inattendus du parcours, plus de la moitié du paquet Juniors/Seniors se présente dans la très longue ligne droite d’arrivée pour l’emballage final.
Et de cette masse lancée à toute vitesse, une étincelle de lumière jaillit tout à coup : Luz Garzon (Colombie) lève les bras et jubile. Elle vient de passer la ligne en première position, idéalement lancée par le train jaune et bleu. La Colombie place d’ailleurs quatre de ses patineuses dans le Top 10. Mais les deux autres métaux lui échappent : la deuxième place revient à l’Equatorienne Gabriella Vargas et c’est Fran Vanhoutte qui vient offrir une troisième médaille à la Belgique. Marine Lefeuvre prend une belle 7ème place au terme de ce long sprint. On sait qu’elle aspirait à mieux et on lui souhaite le meilleur pour la suite, comme à toutes ses coéquipières, dont la quasi-totalité est arrivée placée dans ce sprint final.
Le classement général
1 – Luz Garzon (Colombie), les 42km en 1h16’36
2 – Gabriela Vargas (Equateur), même temps,
3 – Fran Vanhoutte (Belgique), mt.,
4 – Kollin Castro (Colombie), mt.,
5 – Gabriela Rueda (Colombie), mt.,
6 – Laura Perdomo (Colombie), mt.,
7 – Marine Lefeuvre (France), mt.,
8 – Angy Anabela (Venezuela), mt.,
9 – Laura Larenzato (Italie), mt.,
10 – Giulia Presti (Italie), mt.
Vincent Esnault, champion du monde Master
La particularité du marathon des World Skate Games, c’est qu’il est ouvert aux Juniors, aux Seniors et aux Masters. Vincent Esnault était sur la ligne de départ commune aux hommes, à 8h, avec les Juniors, les Seniors et les autres Masters. L’objectif pour le champion d’Europe Master en titre, c’était de rester accroché le plus possible au peloton principal tout en étant extrêmement vigilant aux nombreuses surprises (!) que réserv(e)ait le circuit. Vu du paquet, un marathon peut vite mal tourner à la (dé)faveur d’un obstacle ou d’une cassure mal anticipés.
Sorti « indemne » des trois premiers tours dans Puerto Madero, Vincent Esnault décrochait finalement du peloton principal aux alentours du 25ème kilomètre, pour sauter dans un groupe de Seniors avec Martyn Dias (Portugal), Graeme Holland (Canada) ou encore Hayden Groves (USA). Au fur et à mesure que les kilomètres défilaient, le quatuor parvenait à rattraper plusieurs concurrents du peloton de devant. Ils sortaient également indemnes des pièges extérieurs à la course : les feux rouges, la circulation… « Nous étions tous concentrés, et heureusement, expliquait Vincent après coup. Personnellement, je voulais continuer à maintenir le rythme, parce que je n’avais aucune idée d’où étaient mes concurrents. »
Le Français arrive finalement à la 46ème position au classement scratch, avec une avance confortable sur tous les autres Masters. Il remporte à Buenos Aires son quatrième titre mondial dans la catégorie Master, après ceux acquis à Salerne (un titre) et à Dijon (deux titres). Il conclut ainsi une très belle saison 2022.
Karine Urvoy aurait dû se joindre à la course dans la catégorie des moins de 60. Nous avons une grosse pensée pour elle et pour son mari, victime d’un terrible accident de la route alors qu’il s’entraînait à vélo. Nous leur souhaitons beaucoup de courage.
Florian Bernard en demi-finale du 100m
Le Junior français a parfaitement passé les tours du 100m le matin. Il s’en est fallu de peu, un départ légèrement moins bon, pour qu’il n’accède à la finale. Sa compatriote, Jeanne Frugier, pourtant en forme, se fait malheureusement disqualifier après deux faux-départs.
Article de Vincent Esnault