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Martin Ferrié est champion du monde. Doucelin Pédicone, médaille de bronze. Ça s’est passé hier (le 29/10/2022) sur la course à élimination sur la piste Vicente Lopez de Buenos Aires. Au terme d’un scénario fou, à la fin d’une course maîtrisée de bout en bout, le Français Martin Ferrié est allé chercher le Graal sur sa distance de prédilection, avec l’aide de son partenaire d’équipe de France, Doucelin Pédicone. Récit.

 

 

 

Bonjour Martin. Félicitations, tu es champion du monde de l’élimination sur piste. Quelle course hier ! Quel scénario ! Peux-tu nous raconter ?

Bonjour. En effet quelle course et quel rebondissement ! On va commencer par le début : on voulait courir juste avec Doudou [NDLR Doucelin Pédicone]. C’était notre schéma dans la tête, et ensuite penser à comment gérer le finish dans un deuxième temps. Pendant une grande partie de la course, on a réussi à se placer deuxième équipe, ce qui est une belle réussite. C’était une course très rapide au début et assez « tamponeuse » si je peux dire. On a su intervertir nos positions tous les deux pour s’économiser le plus possible. Une fois les 10 derniers tours lancés, je voulais garder ma place derrière les Colombiens car je savais que c’était eux mes adversaires directs pour le sprint final.

Une fois l’emballage lancé, je m’étais dit que je voulais lancer à un tour et demi, ce que j’ai fait. Mais malheureusement, les deux Colombiens ne voulaient pas trop et ils ont décidé de jouer des bras et ont réalisé des changements de trajectoire incorrects. Sur la première faute, je ne me décourage pas. J’y retourne une deuxième fois à la cloche mais ils font encore une fois une faute et là, c’est un peu dur de relancer la machine. Mais je suis allé jusqu’au bout pour accrocher la troisième place sur la ligne. Après décision des juges, les deux Colombiens sont disqualifiés pour faute sportive. Ce qui permet de nous classer premier et troisième avec Doudou. C’est une très belle récompense du travail fourni toute l’année et sur cette course-là.

 

 

 

 

 

 

Doucelin, tu termines troisième de cette même course. Comment ça s’est passé pour toi ?

C’est une course où il a fallu batailler pour se faire sa place dans le peloton. C’est parti sur un rythme très élevé, tout le monde voulait être devant. On a fait le choix avec Martin de prendre la position directement au vu de la difficulté de la piste. Les 15 premiers tours furent très agressifs. Sur la deuxième partie de course, on a réussi à se faire notre place en deuxième position derrière les Colombiens : c’était parfait mais la place n’était pas facile à garder, ça jouait beaucoup des mains. Finalement, les Colombiens ont emmené jusqu’à la fin avec Martin dans la roue. Après ce dernier 300m discutable, on savait qu’il fallait attendre la décision arbitrale pour connaître le résultat final. Le résultat a mis longtemps à tomber, mais ça valait le coup d’attendre pour une première et une troisième places.

 

 

 

 

 

Martin, que représente cette médaille d’or à tes yeux ?

Cette médaille d’or, c’est le Graal absolu dans notre sport. Beaucoup de gens savent que c’est cette course-là qui me fait rêver le plus (certes je ne rêvais pas de la gagner comme ça pour une première sur cette distance). Ça représente un énorme travail depuis plusieurs années, un investissement total pour arriver à un tel niveau d’exigence. Maintenant, ça ouvre le compteur car je n’avais pas encore gagné sur piste : c’est chose faite et il faudra continuer de travailler très dur pour en gagner d’autres.

Cette médaille n’est pas que mienne. J’ai tellement de personnes à remercier qui travaillent avec moi au quotidien. Au passage, il paraît que je ne suis pas le plus facile à vivre au quotidien d’après certains dires, mais bon on sait que c’est faux [ah ! ah !]. Mais un grand MERCI à ma Oubi, mes parents, mon frangin, ma famille, ma belle-famille, mon coach Arnaud (d’ailleurs, je suis très facile à vivre d’après lui), l’EQUIPE DE FRANCE (le staff, les coachs , les patineurs-amis… ), mes partenaires d’entrainements, mes partenaires, mon sponsor, le CREPS de Nantes, Adrian, Fabien, mes supporters de France et des autres pays… Enfin, toutes les personnes qui ont contribué à me mener jusque-là. MERCI ! Désolé si j’ai oublié quelques noms, c’est toujours compliqué de ne pas oublier, mais merci encore.

L’année dernière, avec Doudou, nous avions couru parfaitement l’élimination à Ibagué en Colombie, mais nous sommes tombés à trois tours de l’arrivée, ce qui a littéralement anéanti nos chances. Ce résultat d’hier prouve notre régularité sur cette course depuis l’année dernière.

Maintenant, il faut rester concentré. Car le premier maillot tombe rapidement, mais rien n’est facile. Tout est dur : il faut aller chercher les autres médailles dès aujourd’hui !

Doucelin, même question : que représente cette médaille de bronze à tes yeux ? Cette saison est un peu particulière pour toi…

C’est vrai que ça n’a pas été une saison ordinaire pour moi à cause de ma chute à Madère et de mon opération de la clavicule fin juin. Il a fallu s’adapter pour continuer à s’entraîner et garder le niveau. Je n’ai pas pu participer au championnat d’Europe, ce qui n’a pas été facile à digérer. Les plans ne se sont donc pas déroulés comme prévu… Mais j’ai finalement pu revenir au maximum pour me qualifier pour ce championnat du monde. Cette médaille de bronze est donc la bienvenue et encore plus lorsque l’on est deux Français sur le podium !

Comment se profile la suite des World Skate Games désormais ?

 

Martin Ferrié. Comme je disais dans la transition, il faut se reconcentrer dès aujourd’hui [NDLR le 30 octobre]. Nouvelle course, nouvelle chance. On est une belle équipe de France, il ne faut pas avoir peur ou se dire que d’autres sont plus forts. Il faut jouer avec nos qualités et donner le maximum chaque jour. La météo semble capricieuse, donc on est dans l’attente du nouveau programme. Mais normalement, c’est 1000m et course à points pour ceux qui courent aujourd’hui. Il reste de belles pages à écrire sur ce championnat alors VIVE LA FRANCE !

Doucelin Pédicone. La suite pour nous, c’est d’abord la fin du championnat piste et l’enchaînement avec la route puis le marathon. Après cette première journée, nous avons tous énormément de motivation pour la suite !

Merci Martin et Doucelin. Bonne chance pour la suite ! Faites vibrer vos supporters !

La journée du 30/10/2022 a été écourtée par la pluie : seuls les tournois du 500m Junior et 1000m Senior ont été courus.  

Interview : Vincent Esnault
Photos : FFRS, Martin Ferrié et