Une nouvelle piste voit le jour en Bourgogne-Franche-Comté
L’inauguration de la nouvelle piste de roller de vitesse au sein du CREPS de Dijon marque une étape significative dans le paysage du roller de vitesse et de son exposition dans la région. Cette nouvelle infrastructure homologuée Wordskate, représente bien plus qu’un simple espace de pratique pour les passionnés de roller de vitesse. Elle incarne l’aboutissement d’un processus minutieux et passionné, dont la genèse remonte à plusieurs années. Pour comprendre l’histoire de cette réalisation, nous avons rencontré Thomas Dauvergne, l’entraîneur et coordinateur du Pôle Espoir. Au fil de notre entretien, il nous dévoile les coulisses de ce projet ambitieux, marqué par la volonté de promouvoir et de développer la pratique de la discipline à un niveau local mais aussi élite. Cette nouvelle piste incarne ainsi la convergence entre l’expertise technique, la passion sportive et l’engagement communautaire, offrant aux athlètes un terrain d’entraînement à la hauteur de leurs ambitions.
Avant/Après de la piste :
Bonjour Thomas, peux-tu nous expliquer la genèse du projet.
Sans remonter trop loin, l’histoire commence en 2001 avec la création du Roller Marathon de Dijon. C’est peut-être curieux d’en parler, mais ce fut une étape cruciale. Pour la première fois, nos partenaires institutionnels comprenaient que le roller et vitesse était un vrai sport de haut niveau.
Les premiers titres de nos patineurs aidant, j’ai commencé à présenter plusieurs projets entre 2007 et 2013. Il y avait un circuit routier à côté du skate parc couvert, d’une piste intégrée au vélodrome. Ou encore la réparation d’une vielle piste d’athlétique laissée à l’abandon et utilisée par les riverains. Mais ces investissements n’étaient pas la priorité de l’époque.
Il a fallu attendre 2013 et la deuxième étape cruciale, avec le passage du Centre Régional créé en 2010, en Pole Espoir en septembre 2013. Le Pôle s’est rattaché au CREPS. Le directeur de l’époque s’était alors engagé à rénover et le vieux circuit routier de 400m qui avait été construit dans les années 90 et qui servait principalement pour les tests des pôles et le roller. Le problème du circuit étant principalement sa largeur de seulement 2m50.
De 2013 à 2024, ça prend du temps de construire une piste ?
Les travaux sont passés par tous les stades. En 2013/2014 le projet de circuit routier étaient lancés nous avions validé les plans. Nous avions les devis. Seulement les CREPS sont passés sous la tutelle des Conseils Régionaux en 2014/2015. Il a fallu repartir à zéro avec le nouveau propriétaire des lieux.
Finalement le projet et les travaux sont votés en juillet 2016. Il s’agissait d’élargir le circuit routier, refaire les virages et de mettre un éclairage.
Les travaux n’ont pas été lancé de suite. La région réfléchissait à un projet d’ensemble sur le CREPS avec des investissements importants à l’horizon de Paris 2024. C’est devenu une opportunité pour réfléchir à un projet plus intéressant pour le roller. A savoir pourquoi pas, une piste relevée.
Mais cela a pris encore beaucoup de temps. Le COVID est passé par là. Nous avons perdu encore un an. Puis la hausse des coûts de construction a fait que les projets ont été ajusté, modifiés, supprimés, revu à la baisse, réintégrés… Rien n’était acquis. Il fallait suivre le dossier et être présent aux bons moments. D’autant plus que le roller n’était pas sport olympique et donc pas prioritaire. L’appuis de la fédération et notamment de la DTN a été décisif. Mais du fait que les travaux avaient été voté en 2016 et que le nouveau bâtiment du CREPS allait empiéter sur notre vieux circuit routier, il fallait faire quelque chose. Sinon le pôle risquait de fermer ses portes.
Comment c’est opéré le choix du type de piste ?
Finalement le fait d’attendre nous a permis de pouvoir réfléchir à un projet cohérent avec la région et la direction du CREPS. Plutôt que de faire des pansements sur le vieux circuit routier, il nous semblait plus intéressant de partir sur les bases saines d’une piste homologuée Wordskate en réalisant les travaux sur plusieurs phases.
Une première phase avec le terrassement et le goudron. Une deuxième avec la résine. La troisième phase avec la rambarde puis l’éclairage. Ce qui permet d’étaler les investissements.
Pour ce qui est de la forme de la piste, j’ai simplement montré la différence et l’intérêt d’une piste incurvé par rapport à une piste plate. L’incurvé donne un autre sens à notre sport. Nos partenaires en ont pris conscience. Ils sont aussi passionnés de sport. J’ai dû être persuasif.
Pour le choix de la résine, le choix s’est porté sur le fabriquant français COURTSOL. C’est une résine homologuée Wordskate, moins cher que ses concurrents. Les essais que nous avons pu faire avec les athlètes nous ont donné entière satisfaction. Le cout a aussi permis de réaliser la deuxième phase plus rapidement.
Les deux premières phases des travaux sont donc terminées. La suite sera pour 2025/2026.
La piste est située à l’intérieur du CREPS. Peux-tu nous expliquer le fonctionnement ?
Le CREPS de Dijon est un endroit formidable pour s’entrainer. La piste est en légère cuvette, entouré de verdure et bien protégé par les bâtiments. L’orientation pour le soleil et le vent est idéal. L’endroit est calme et vraiment agréable pour s’y entrainer.
Le fait qu’elle soit à l’intérieur du CREPS est une particularité à prendre en compte effectivement. Il n’existe pas d’équivalent en France. Pour le Pôle qui est domicilié au CREPS, c’est vraiment très intéressant car nous avons tout sur place : le bureau du pôle, les vestiaires, les salles de musculation ultra performantes, les espaces de récupération, le service médical et l’internat. Tout est intégré dans l’enceinte de l’établissement.
Et pour les extérieurs ?
La piste n’est effectivement pas ouverte à tous comme ça peut être le cas dans certaines villes. Le CREPS fonctionne en gros comme un lycée. C’est un établissement fermé qui n’est pas ouvert au grand public et possède son propre fonctionnement et règlement. Mais les clubs, les équipes ou les groupes identifiés peuvent conventionner avec le CREPS pour un accès à la piste ou ses infrastructures. Ce qui peut être une vraie opportunité pour proposer des entrainements ou des stages tournés vers la performance et le haut niveau.
On imagine que vous n’allez pas en rester là, c’est quoi la suite ?
Le fait d’avoir aujourd’hui un équipement à demeure ouvre les possibilités. C’est un élan formidable pour la région. Ce ne sont pas les idées qui manquent. Comme organiser des stages ou des évènements. Mais il va nous falloir un peu de temps pour se coordonner avec le fonctionnement et les contraintes de l’établissement.
Le pôle est aussi un centre de ressource important. Nous travaillons en étroite relations avec l’équipe de la Maison Régional de la Performance, l’UFSTAPS de Dijon et son Centre Gille COMETTI. Nous avons déjà équipé la piste de points de chrono intermédiaires intégrés pour analyser les lignes droites et les virages pendant les séquences. Nous réfléchissons à un équipement fixe d’analyse vidéo et pour développer des outils performants pour travailler la force, la vitesse ou la survitesse directement sur la piste.