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« Le titre au marathon : un rêve de gosse ! »

 

 

Il est l’une des figures du championnat du monde de Kaohsiung qui vient de s’achever, avec de nombreux autres Tricolores. Ewen Fernandez est revenu de Taiwan avec six médailles, dont deux en or, et un titre de champion du monde du marathon. Nous le verrons donc toute la saison prochaine arborer un maillot arc-en-ciel sur tous les marathons : quelle fierté ! Mais avant, Ewen tire le bilan du mondial 2015…

 

 

Bonjour Ewen et félicitations pour ce championnat du monde. Nous serions tentés de dire que les objectifs sont atteints pour l’équipe de France…

 

Oui effectivement. On ne peut pas comparer ces championnats avec ceux de l’année dernière, qui ont été exceptionnels pour l’équipe de France. Nous avions gagné cinq titres et beaucoup de médailles pour finir au deuxième rang des nations. Cette année, nous repartons de Kaohsiung avec quatre titres tout de même, et toujours un bon classement chez les Seniors hommes (nous sommes premiers sur route et deuxième sur piste du classement FIRS) et au classement des nations (nous sommes troisièmes). Toutes les nations n’ont pas eu autant de médailles d’or. Donc les objectifs sont atteints !

 

 

Quelle satisfaction te procure le titre de champion du monde du marathon ?

 

C’était mon objectif principal. Je l’avais dit à Alain Nègre (NDLR le sélectionneur national) dès le premier jour de championnat. Je m’étais entraîné pour, spécifiquement sur la route. C’est un titre qui me fait rêver depuis que je suis gamin et c’est certainement la course la plus important et la plus populaire en Europe. Qui plus est, on peut porter le maillot arc-en-ciel pendant un an ensuite.

 

Mais c’est vrai que ça n’a pas été facile. J’étais marqué de très près : dès que je faisais un mouvement, mes adversaires bougeaient avec moi. Même quand je me laissais glisser au fond du peloton, ils me suivaient. Nous avons donc dû mettre en place une tactique. A un moment donné, Gwendal Le Pivert et Darren De Souza se sont placés derrière moi pour me couvrir. Nolan Beddiaf, qui était devant moi, m’a littéralement « mis sur la lune » : il a accéléré sur un bon kilomètre et derrière, ça a enfin lâché. J’ai pris son relais, en essayant de le motiver pour qu’il suive. Devant moi, il y avait une échappée de trois patineurs (deux Taiwanais et un Mexicain). Je les ai rejoints, puis j’ai continué à appuyer. Seul un Taiwanais a suivi quasiment jusqu’à la fin. Il était au bord de craquer. D’ailleurs, dans les derniers hectomètres, alors qu’il avait concédé trente mètres, il s’est trompé de direction…

 

 

Et le titre par équipe ?

 

Après ce titre, que nous avons gagné le samedi [NDLR la veille du marathon] avec Gwendal et Darren, je ne me suis pas déconcentré. Dans ma tête, c’était clair : il me restait une course à gagner. Evidemment, décrocher un titre par équipe, cela fait plaisir. Mais je connaissais déjà car nous avions gagné en 2014 [NDLR sur la piste de Rosario avec Alexis Contin et Nicolas Pelloquin]. Cette année, nous avions encore une bonne équipe et une bonne tactique. En fait, nous avons tout joué sur les relais, et notamment sur le dernier, qui est le plus important.

 

Dans mon dernier virage, avant de lancer Gwendal, je me suis appliqué à construire ma vitesse, alors que nos concurrents décéléraient. Je l’ai lancé le plus fort possible, ce qui l’a propulsé devant. Il aurait préféré se mettre en deuxième position, mais je luis ai dit de prendre le risque. Sur l’anneau routier de Kaohsiung, il y avait peu de possibilité(s) de dépassement. D’ailleurs, cela s’est vu : Gwendal n’a pas été doublé et nous sommes devenus champions du monde !

 

 

« C’est au mental que ça se joue ! »

 

 

On a vu pendant le championnat que tu « tournais » autour de l’or. Il a fallu attendre les deux derniers jours pour que tu décroches le titre suprême. Tu y croyais jusqu’au bout donc !

 

J’ai quand même un peu ressassé mes médailles d’or loupées… Mais je me suis aussi rappelé du championnat du monde Junior de 2006 où j’avais terminé six fois quatrième avant de prendre l’argent au marathon, le dernier jour de course. Il faut vraiment y croire jusqu’au bout et rester concentré ! En plus, forcément, il faut savoir gérer l’accumulation de courses.

 

L’avant-dernier jour sur la route, nous avons couru sous la pluie [NDLR Ewen termine deuxième de la course à points et donc vice-champion du monde] : le soir, j’avais pas mal de courbatures. Au bout du compte, je me suis aligné sur huit courses – sur douze possibles dans ma catégorie. Cette année, nous avions des séries à courir en plus… Bref, la fatigue s’accumulait. Mais je me suis dit que c’était la même chose pour mes adversaires. Et aussi qu’en stage, c’était plus dur. Il ne faut pas avoir peur de se faire mal : c’est au mental que ça se joue !

 

 

En 2010 dans une interview, tu disais que ton objectif était de devenir champion du monde Senior. En 2015, tu l’as déjà été plusieurs fois…

 

C’est vrai. La première fois en 2012 en Italie, je n’avais « que » 23 ans. Mais j’étais en équipe de France depuis mes 17 ans. C’était l’époque où il n’y avait pas de championnat du monde Junior. 23 ans, cela peut paraître jeune, mais il faut relativiser : j’avais quatre ans d’expérience dans la catégorie. On se demande souvent si le plus dur, c’est d’être champion du monde une fois ou bien de confirmer. Je dirais que c’est plus dur de confirmer, car on est forcément attendu et marqué.

 

 

« J’envisage le rendez-vous des Roller Games 2017 »

 

 

Maintenant, quel est le programme côté roller ?

 

J’essaierai de faire un maximum de marathons avec le maillot arc-en-ciel. Je sais que j’aurai une pression supplémentaire sur les épaules. Je serai marqué. Mais je prendrai mes responsabilités : c’était le rêve de ma vie d’obtenir ce maillot, donc j’assume ! A plus long terme, j’envisage le rendez-vous des Roller Games en 2017 comme un nouvel objectif.

 

 

Et côté cyclisme ?

 

Je monte encore dans la hiérarchie. En 2016, je courrai des Coupes de France. C’est un peu l’aventure pour moi. Mais cela me plaît et me motive énormément. On m’avait dit que pratiquer ce sport en plus du roller, ça me serait défavorable : je pense avoir démontré le contraire. Je suis de plus en plus performant sur les patins, donc je pense que c’est un bon complément. La technique en roller, je ne la perds pas : quand les objectifs se rapprochent, je fais plus de spécifique. Cet équilibre me convient.

 

 

Merci Ewen et bon repos maintenant !

 

 

Crédit photo : FIRS