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« L’entraîneur se doit de connaître ses patineurs parfaitement »

interview_coach_boris_dufour_01 Ce sont les femmes et les hommes de l’ombre, sans qui les performances des champions qu’ils suivent seraient certainement moindres. Elles et ils sont là pour guider, conseiller, encourager, faire progresser et apporter le petit plus qui fera la différence… Aujourd’hui, nous partons à la rencontre de Boris Dufour, l’entraîneur aux multiples casquettes : il a sous sa coupe de nombreux clubs et de nombreux athlètes, et non des moindres ! Cette saison, plusieurs de ses « poulains » ont porté les couleurs de l’équipe de France avec succès – on pense notamment à Valentin Thiebault ou à Elise Dumont. Boris est basé dans la région lyonnaise, mais ses engagements sportifs lui font se déplacer un peu partout. Dans cette interview, il retrace son parcours professionnel et envisage le futur avec une ambition bien légitime !

Crédit photos : site du LOU Roller

Bonjour Boris ! On peut considérer que la saison 2015 en est à ses deux tiers, mais il reste encore quelques objectifs importants dans les mois qui viennent. Aujourd’hui, quel bilan tires-tu de cette saison pour tes patineurs ?

A ce jour, le bilan de la saison est satisfaisant et ce pour tous les clubs que j’entraîne au quotidien ! Je suis l’entraîneur du club de Lyon Roller, représenté par les sœurs Balandras sur les courses traditionnelles, le club de Saint-Etienne Roller, le club des Fous de la Roulette, connu pour les résultats d’Elise Dumont, sélectionnée pour les derniers championnats d’Europe et pour ceux de Nicolas Fournier, double médaillé aux derniers championnats de France pour sa première année chez les Minimes. En plus de ces clubs, qu’on pourrait qualifier de traditionnels, j’entraîne le club de Générations Roller connu pour être l’organisateur du Lugdunum Roller Contest et qui est plus axé sur les épreuves d’endurance. Je suis entraîneur régional et je suis quasi quotidiennement les meilleurs patineurs de la région Rhône Alpes tels que Mattias Gil, Flavie et Louisiane Balandras ou encore Valentin Thiebault.

Même si, comme vous le dites, la saison n’est pas encore terminée, nous pouvons déjà parler de bilan. Au niveau des résultats sportifs, ils sont excellents ! Flavie Balandras a retrouvé le niveau qui était le sien avant ces deux dernières années passées en Maths Sup / Maths spé. Louisiane Balandras a continué de progresser et de se classer régulièrement parmi les six meilleures de sa catégorie. Elise Dumont a été sélectionnée pour les championnats d’Europe et Nicolas Fournier a réussi à remporter deux médailles nationales. Mattias Gil a quant à lui obtenu sa première médaille en championnat de France. Enfin, Valentin Thiebault est devenu double champion de France (200m et 300m) et champion d’Europe du 200m et du 500m piste et du relais sur piste. Il est donc difficile de ne pas être satisfait d’un tel bilan !

« Etre l’instigateur d’un vrai esprit d’équipe »

Quels sont tes motifs de satisfactions personnels sur cette première grosse partie de saison ?

Avec les Juniors/Seniors, nous avons fait le choix cette saison de changer de méthode d’entrainement. A partir de janvier 2015, nous nous sommes donc entraînés sur de nouvelles bases. Nous partions donc un peu dans l’inconnu mais j’étais certain de ne prendre aucun risque sur une éventuelle baisse de forme ou de niveau de mes patineurs, puisque j’étais bien renseigné sur la nouvelle méthode utilisée. Outre l’utilisation de cette nouvelle méthode de travail, ma principale satisfaction reste sans aucun doute d’avoir pu aider Valentin Thiebault à obtenir ces premiers titres européens en individuel. L’ensemble de mon groupe se réuni régulièrement sur des stages d’entrainement et de préparation, et c’est également très satisfaisant de voir avec quel enthousiasme les jeunes se retrouvent à l’entraînement… On a parfois le sentiment d’être l’instigateur d’un vrai esprit d’équipe, si rare et pourtant si important dans notre sport.

Enfin, étant le manager du team SILA Ligne Droite Racing sur l’ensemble des coupes d’Europe qui se sont déjà déroulées, je dois souligner le plaisir que j’ai pris à encadrer les jeunes tout au long de ces compétitions. Et c’est également très grisant de les voir au plus haut niveau décrocher des médailles. A cette occasion je tiens à remercier l’ensemble de nos sponsors, Laboratoires Synactifs, Ligne Droite et Apodiss.

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Boris avec Lousiane Balandras >>

Est-ce que tu vois des choses à améliorer ou à changer d’ici à la fin de la saison ?

Je vais rebondir sur ce dont je viens de parler… Nous avons un groupe extraordinaire et vraiment très soudé ! J’ai parfois l’impression que les jeunes se retrouvaient plus pour le plaisir d’être ensemble, pour le groupe, que par simple envie de s’entraîner ! J’aimerais leur faire comprendre que si nous sommes là, c’est pour le roller, et non pas uniquement pour la bonne humeur qui règne dans le groupe ! Il ne faut pas oublier que tous ces stages et tous ces entraînements sont faits pour qu’ils continuent à progresser sur les rollers ! C’est là ma principale motivation !

A titre personnel, cela fait combien de temps que tu entraînes des patineurs et comment est venue cette vocation ?

Mon parcours est très simple ! Tout d’abord j’ai commencé le roller à l’âge de 5 ans : j’en ai aujourd’hui 29 ! Je vous laisse imaginer le nombre de tours de piste que j’ai pu faire en 24 ans… Ensuite, j’ai toujours su, dès tout petit, que je voulais travailler dans le sport ! A force d’entraînements, je devenais de plus en plus compétitif sur les rollers et c’est tout naturellement qu’au fur et à mesure, j’ai décidé de m’orienter vers l’entraînement ! J’ai donc obtenu un bac S qui m’a permis de rentrer en fac de sports (STAPS). Une fois en STAPS, j’ai obtenu une Licence « entraînement sportif » et un Master « préparation physique, mentale et réathlétisation en 2010 ». J’avais donc déjà un pied dans le monde professionnel du sport ! Parallèlement à ces études, j’ai commencé à entraîner le club d’Alençon (2004) et j’ai passé mon Brevet d’Etat de roller course (2010). C’est donc en 2010 que je suis devenu professionnel du roller et que j’ai commencé à vivre de ma passion. Cela fait maintenant 5 ans que je vis de l’entraînement.

On a tendance à ne voir que les aspects positifs de la « fonction » d’entraîneur, à savoir les victoires et les podiums. On oublie parfois que c’est un travail de fond…

Il est vrai que le métier d’entraîneur est un métier à plein temps ! Il n’est pas rare d’avoir entraînement le weekend ou même les jours fériés… Sans compter les déplacements en compétition tous les weekends ! Eté comme hiver, l’entraîneur doit être le moteur du groupe et de la séance ! Il doit toujours avoir le même dynamisme, quel que soit ses soucis personnels, ses états d’âme. J’ai par exemple le souvenir d’avoir été appelé par un patineur un 1er mai à 8h du matin pour savoir quel était le programme de la journée…

L’entraîneur se doit de connaître ses patineurs parfaitement. C’est important de savoir anticiper les réactions d’un athlète, que ce soit après une victoire, un échec ou un entraînement difficile… Beaucoup de facteurs influencent le patineur dans sa vie de tous les jours et donc dans son entraînement ! L’entraîneur doit constamment être à l’écoute et savoir trouver les mots pour réconforter, encourager, consoler, motiver… Par exemple, lorsqu’un patineur vous fait un petit coup de blues et une baisse de motivation pour aller à l’entraînement, que vous soyez en vacances ou non, il faut être présent pour trouver les mots pour le soutenir, l’accompagner et surtout le remotiver, je le répète, que vous soyez en vacances ou non !

« Il n’existe pas de recette miracle »

Quels sont les athlètes les plus « faciles » à coacher ? Et les plus « difficiles » ?

Je ne sais pas si on peut parler d’athlète facile ou difficile à coacher, mais ce qui est certain, c’est qu’aucun n’est identique et qu’il n’existe pas de recette miracle du type « recette de cuisine »… Pour ma part, quel que soit le type d’athlète, je suis partisan d’initier un fort côté relationnel entre le patineur et l’entraîneur ! Et c’est là que cela devient intéressant, mais dangereux ! Il faut avoir beaucoup de proximité, être presque comme des amis, sans pour autant devenir des copains, car il existe bien une relation d’entraîneur à entraîné qui implique un rapport de force ! Le tout est d’établir une relation de confiance, comme dans les relations amoureuses finalement…

Depuis 2010 et le début de ma carrière d’entraîneur professionnel, je n’ai pas rencontré de patineur me posant réellement problème ! Mais le patineur n’est pas le seul qu’il faut savoir gérer ! Le relationnel avec les parents est également essentiel ! Nous jouons un rôle important avec les parents que nous devons tout autant gérer que les patineurs, si ce n’est plus… C’est peut être eux les plus difficiles à coacher !

Quels sont les objectifs ou les rêves qu’il te reste à accomplir dans ta carrière d’entraîneur ?

Bien que ma carrière soit récente, j’ai eu la chance de vivre déjà de belles expériences… En effet, j’ai déjà été entraîneur d’une équipe nationale (celle de Thaïlande en 2010, assisté par Christophe Audoire). J’ai également été pendant 3 ans l’entraîneur du plus grand club d’Europe, le club de Zandvoorde (Belgique) avec lequel j’ai obtenu plusieurs dizaines de titres de champion d’Europe et quelques titres de champions du monde. Même si le relationnel est différent d’un club que tu coaches au quotidien, cela reste des moments forts !

Pour les années futures, j’aimerais poursuivre le suivi des patineurs que j’entraîne aujourd’hui en continuant à les faire progresser de jour en jour. On dit souvent qu’il faut 5 ans pour former un patineur, 5 ans pour l’emmener au niveau national, 5 ans pour l’emmener au niveau européen et 5 ans pour l’emmener au niveau mondial… Il me reste donc encore 15 ans à travailler avec ceux que j’ai déjà ! Pour ceux qui sont en études supérieures, l’objectif est tout autre : je souhaite les aider à continuer à pratiquer le roller dans les meilleures conditions possible tout en poursuivant leurs études. En d’autres termes, je ferai tout pour leur permettre de continuer leur double parcours, roller/études…

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Valentin Thiébault champion d’Europe 2015 >>

Qui sont tes meilleurs soutiens ?

Comme vous avez pu le comprendre précédemment, je suis un entraîneur professionnel et je gagne ma vie en intervenant au sein de plusieurs structures, club ou comité régional… Je remercie donc tous les clubs que j’entraîne, Lyon Roller, Saint-Etienne Roller, Les Fous de la Roulette, Génération Roller et le comité régional Rhône Alpes, ainsi que tous les présidents qui y sont associés pour leur investissement et leur soutien qui me permettent de vivre de ma passion.

Merci Boris et bonne chance pour la suite avec tes athlètes !