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« Je suis au roller 365 jours par an et j’adore ça ! »

interview_coach_gary_lepine_2015_01 Ce sont les femmes et les hommes de l’ombre, sans qui les performances des champions qu’ils suivent seraient certainement moindres. Elles et ils sont là pour guider, conseiller, encourager, faire progresser et apporter le petit plus qui fera la différence… La région nantaise fourmille de clubs et d’entraîneurs de haut niveau. Gary Lépine n’est pas l’un des moindres. Auréolé de plusieurs titres et de nombreuses médailles, le coach de Saint-Sébastien-sur-Loire a notamment vu grandir Mélanie Lizé, jusqu’à sa sélection en équipe de France Junior B cette année.

Bonjour Gary ! On peut considérer que la saison 2015 en est à ses deux tiers, mais il reste encore quelques objectifs importants dans les mois qui viennent. Aujourd’hui, quel bilan tires-tu de cette saison pour tes patineurs ?

Bonjour. Pour mes patineurs, le bilan est bon mais pas encore exceptionnel. Pour la majeure partie du groupe, les résultats ont été atteints, même si je veux toujours qu’ils visent plus haut et se surpassent. Le travail à l’entrainement à été très assidu tout au long de la saison. J’ai la chance d’avoir un petit noyau dur de 6/7 patineurs présents à tous les entrainements, qu’ils pleuvent ou non.

Quels sont tes motifs de satisfactions personnels sur cette première grosse partie de saison ?

Mon motif de satisfaction principal est que mes patineurs s’éclatent aux entrainements et sur les courses, mais aussi qu’ils atteignent l’objectif qu’ILS se sont fixés en début de saison. Cela a été le cas pour une majeure partie du groupe, que l’objectif soit la qualification à un championnat régional ou à un championnat de France, le Top 10 ou un titre de champion de France et une médaille européenne pour Mélanie par exemple.

Est-ce que tu vois des choses à améliorer ou à changer d’ici à la fin de la saison ?

J’essaye d’innover un maximum chaque année et, sur Nantes, on a la chance d’avoir de nombreux clubs et de nombreux entraineurs avec qui échanger et discuter sur de nouveaux exercices ou la programmation. Mais pour la saison 2016, je veux mettre l’accent sur la technique pour faire un très gros travail. Je me rends compte depuis 2/3 ans que j’accompagne mes patineurs sur les championnats internationaux que je ne travaille pas encore assez là-dessus.

« C’est en 2010 que tout a vraiment débuté »

A titre personnel, cela fait combien de temps que tu entraînes des patineurs et comment est venue cette vocation ?

J’ai commencé à passer de l’autre coté de la barrière vers 15 ans car mon entraineur, André Dardard, voyait plus en moi un entraineur qu’un patineur de haut niveau, et il avait totalement raison. Mais c’est en 2010 que tout à vraiment débuté pour moi et de la plus belle des manières. Cette année-là, j’entrainais uniquement mon frère Tomy et ce fut magique : champion de France, champion d’Europe et champion du MONDE ! Apres cette saison folle, j’ai « chopé le virus », j’ai donc pris en main le groupe Minimes à Seniors de Saint-Sébastien-sur-Loire. Pour débuter, je me suis beaucoup appuyé sur les entrainements de Thomas Boucher et de Pascal Briand, que j’ai reçu lorsque j’étais coureur. Au fil des années, j’innove et je prends des risques pour que le plaisir et le ludique soient toujours présents aux entrainements, même quand ceux-ci doivent être durs. Je fais aussi beaucoup de recherches pour voir et comparer ce qui se fait ailleurs.

On a tendance à ne voir que les aspects positifs de la « fonction » d’entraîneur, à savoir les victoires et les podiums. On oublie parfois que c’est un travail de fond…

Oui ! Bien sûr, j’adore les victoires et la gagne ! J’essaye de transmettre cela à mon groupe. Chacun à leur niveau, qu’ils essayent d’aller chercher encore plus. Mais être entraineur et vouloir faire du haut niveau avec mes coureurs, cela prend 100% de mon temps personnel et encore plus lorsque les compétitions débutent ! Entre les entrainements presque journalier de mon groupe, la salle de musculation pour certains patineurs, la planification des entrainements de coureurs qui ne vivent pas sur Nantes, les petits coups de blues de patineurs pendant l’hiver qu’il faut remotiver, et depuis cette année la double saison vélo/roller de certains patineurs et moi-même…. Clairement, je suis au roller 365 jours par an, mais je ne me plains pas : j’adore ça, et je ne me vois pas arrêter de si tôt !

Pour Mélanie, en 2013 (elle était alors Minime deuxième année), l’objectif était la sélection au championnat d’Europe. La saison s’est très bien lancée : vice championne de France indoor, podium à Gross-Gerau, invaincue sur les 8 courses des MCJS… Mais lors des championnats de France, grosse désillusion : aucun titre de championne de France et la sélection qui s’envole à un petit point. Le dimanche soir en rentrant de Coulaines, on était tous les deux au fond du trou. C’était très difficile pour elle de passer à côté, elle avait vraiment « fait le job ». Pour moi, c’était une incompréhension totale. Qu’est ce que j’avais loupé ? La remise en question a été totale ! J’ai dû faire un très gros travail de fond pour qu’elle retrouve confiance pour 2014 et surtout qu’elle ne reste pas sur cet échec. De mon côté, après cette saison, j’ai modifié énormément de choses dans ma planification. Après 2 ans à me poser des questions, je pense qu’en 2013 j’avais mal gérer son pic de forme mais je pense aussi qu’elle n’était pas prête ; elle ne se voyait pas gagner aux championnats de France. Le statut de leader qu’elle s’était forgée tout au long de la saison était trop lourd pour elle. Elle doutait énormément de ses capacités. Etait-ce la peur de la gagne ? Aujourd’hui, on en rigole même parfois au vu de la belle saison qu’elle vient de réaliser. Elle commence à comprendre que 80% du boulot se passe dans la tête. Et comme je lui dis souvent, « si tu crois autant en toi que moi je crois en toi, tu vas y arriver ! »

Je prends un second exemple, cette même saison, j’ai dû entraîner Sébastien Hector, qui a repris la compétition après 3 ans d’arrêt. En 2013, l’objectif était clairement de reprendre des sensations et du plaisir à s’entrainer seul car Sébastien vis à Sens ! La saison s’est bien terminée. Il gagne une médaille de bronze sur 300m en catégorie Nationale. Pour 2014, avec la réforme des catégories, l’objectif était de progresser encore. Au bout de deux saisons, j’ai senti que cela devenait très dur pour lui de s’entrainer seul. Pour 2014, j’ai donc modifié un peu son entrainement. Nous étions en contact par mail ou SMS tous les jours pour faire le point sur ses sensations, ses entrainements et aussi afin de le soutenir et lui montrer que je comptais sur lui. Cela a porté ses fruits : il termine 6ème du 300m chrono en élite au championnat de France piste à seulement 3/10èmes de la médaille. Pour un ancien patineur qui n’a performé qu’en National, c’est fabuleux. C’est aussi pour des moments comme cela que j’adore entraîner !

Sébastien Hector dans Attitude Sport (à partir de 4min20) : cliquez ici.

Quels sont les athlètes les plus « faciles » à coacher ? Et les plus « difficiles » ?

Pour moi, les athlètes les plus faciles à gérer sont ceux qui te font confiance et te respectent. Mais sans hésiter, je dirais les filles et sans doute celles qui ont du caractère. En effet, celles-ci savent ce qu’elles veulent et n’hésitent pas à s’entraîner dur. Les filles sont plus attentives aux consignes avant et pendant la course. Je ne suis peut-être pas très objectif, car j’entraîne très peu de garçons à Saint-Sébastien. Pour ce qui est des plus compliqués, c’est sans nul doute les membres de ta famille.

« J’aimerais former ma propre relève »

Quels sont les objectifs ou les rêves qu’il te reste à accomplir dans ta carrière d’entraîneur ?

J’aimerais former ma propre relève au poste d’entraîneur du club (un objectif sur le long terme car je suis encore là pour un moment je pense). Si la personne est réellement motivée et autant passionnée que moi, j’aimerais l’aider à passer ses diplômes d’entraîneur et pourquoi pas à en faire son métier et faire perdurer ce club : ça serait super ! J’entraîne depuis seulement 6 ans, j’ai donc encore pleins de rêves, pleins de petits ou de gros objectifs à atteindre. Sur le plan des résultats, j’aimerais retrouver un titre européen et mondial avec un de mes patineurs. C’est une joie immense de partager cela avec un athlète.

Qui sont tes meilleurs soutiens ?

Mes patineurs et moi-même avons la chance d’être soutenus par de nombreuses personnes. Les parents, tout d’abord, qui soutiennent leurs enfants dans leur passion et qui sont assidus pour les emmener tous les soirs à l’entrainement. Notre club fait partie d’une Amicale Laïque : cette institution nous aide beaucoup. Elle nous met à disposition une salle et du matériel pour tous les entrainements de renfort musculaire. La municipalité de Saint-Sébastien est aussi un soutien puisque cette année, nous avons un anneau de roller flambant neuf disponible dès la rentrée septembre. En plus de la mairie, notre club n’hésite pas à aider sur le plan matériel les patineurs qui se déplacent pour des sélections nationales.

Pour ce qui est du plan sportif, je peux compter sur deux cadres de la DTN. Arnaud Gicquel avec qui nous échangeons beaucoup sur les plans d’entrainements, les nouveaux exercices, sur son ressenti et ses conseils afin de m’améliorer encore. Pascal Briand m’apporte lui aussi ses lumières lorsque j’ai besoin d’aide ou de conseils. Thomas Boucher m’aide aussi sur plusieurs plans puisqu’il est adjoint à la Culture et aux Sport à Saint-Sébastien-sur-Loire et il connaît les patineurs de mon groupe pour les avoir entraîné il y a quelques années. Je peux aussi compter sur deux entraîneurs adjoints : Kevin Riandière et Maxime Boursier, qui prennent ma place lorsque je travaille le soir.

Quel message voudrais-tu leur faire passer pour conclure ?

Je remercie les parents et mes athlètes qui me font confiance tout au long de l’année. J’ai vécu de supers moments depuis 6 ans. J’ai déjà hâte de reprendre pour une nouvelle saison avec de nouveaux objectifs et de nouvelles parties de rigolade !

Merci beaucoup Gary et bonne rentrée à toi et à tes athlètes !

 

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