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Chapitre I – Les débuts dans le roller

Bonjour Clémence. On se demande toujours où tout a commencé. Te concernant, c’est plus facile, puisque tu as été fidèle à ton club durant toute ta carrière de patineuse de vitesse. Peux-tu nous dire quand et pourquoi tu as poussé la porte d’entrée du 2APN Avon ?

J’ai commencé le roller à l’école maternelle d’Avon, car l’entraîneur de mon club y donnait des cours. Ma sœur a aussi eu ces cours, et a poursuivi aux écoliers patineurs, je suppose que moi aussi j’ai suivi… Je suis donc allée aux écoliers patineurs du club dès 3-4 ans, puis j’ai continué avec les compétitions dès 6 ans, puis les entraînements au fur et à mesure des années….Le roller à cette époque était très développé à Avon, l’ambiance était vraiment sympa, mes parents et ma sœur étaient au club, alors je pense que naturellement j’ai suivi. 

Quelles sont les personnes qui ont été autour de toi à tes débuts ?

Au club, j’ai eu plusieurs entraîneurs. Éric Soteau, qui venait dans les écoles, et qui s’occupait des écoliers patineurs et des entraînements des grands. C’est avec lui que j’ai évolué étant jeune et jusqu’à mes années cadettes. J’ai eu aussi Sophie Deschamps, qui s’occupait des jeunes : avec elle, j’ai beaucoup travaillé et appris sur la technique. C’est toujours important d’avoir de bons conseils techniques dès le plus jeune âge. Et puis, on travaillait beaucoup l’agilité à travers des jeux ; c’était amusant, et lorsqu’on est jeune je pense que c’est le principal. Avoir une bonne structure, et un bon encadrement est quelque chose de primordial pour accrocher et évoluer, notamment dès le plus jeune âge. Et puis, nous avions un très grand groupe, et ça aussi c’est motivant.

Avec quel matériel as-tu débuté et est-ce que tu te rappelles des types d’entraînement ?

J’ai débuté toute petite avec les « fischer price », les rollers dans les lesquels on rentre en baskets !  Ensuite c’est simple, j’ai eu les affaires de ma sœur, donc toujours d’occasion (!). Je m’entraînais le lundi pour la technique et le mercredi aux écoliers patineurs que j’ai continué longtemps. Je suis passée ensuite à 3 à 4 entraînements par semaine, avec plus de travail physique. Je m’entraînais dans un gymnase, et sur un plateau d’EPS multisport de 200m à peu près. Je me suis aussi entraînée durant quelques années sur une petite piste en ciment aux virages incurvés , elle devait faire 160m je dirais, mais elle est devenue de moins en moins praticable. Ensuite, nous nous entraînions aussi sur une ligne droite devant un terrain militaire. Finalement nous avions peu de bonnes infrastructures, mais on faisait comme on pouvait, et ça marchait plutôt pas mal.

Est-ce que tu te rappelles de ta première course ?

Honnêtement, je ne me souviens pas de ma première course en super mini. Même si j’ai des souvenirs de courses indoor lorsque j’étais toute petite, durant lesquelles j’étais plutôt impressionnée et stressée que réellement axée sur ma course. Mais je ne me souviens pas en détail de ces moments. Par contre, je me souviens bien de mon premier championnat de France en 2000 à Sablé-sur-Sarthe : j’étais en poussine. A cette époque, je n’étais pas du tout dans la perspective de gagner. Je me souviens qu’à la fin de la course, je pleurais, à la fois d’être allée au bout de mon effort, et en même temps de mon classement qui était plutôt mauvais.

Qu’est-ce qui donne envie de continuer, de persévérer dans ce sport ?

Je pense déjà avoir continué dans mon sport quand j’étais jeune grâce à la structure et aux personnes qui en faisaient partie. Nous avions un très bon groupe, nous nous entendions tous très bien, c’était agréable de s’entraîner là-bas, on se retrouvait entre ami(e)s, comme une grande famille. J’ai aussi toujours aimé me dépenser, aller vers les efforts difficiles, me faire mal sur des fractionnés par exemple. Le roller est un sport magique, qui procure d’immenses sensations, de vitesse, de glisse, de goût pour l’effort, de dépassement de soi. On peut tout faire et tout ressentir, et je crois que ça aussi ça rend accro. Puis il y avait ma sœur, mes parents, ils étaient investis… Je pense qu’inconsciemment ça m’a aussi fait continuer.

Indéniablement, ta famille y est aussi pour quelque chose…

C’est exactement ça. Lorsque j’étais jeune, j’étais admirative de ma sœur, de tous ses résultats qu’elle a eu très jeune. Mes parents ont toujours été très impliqués, mais m’ont aussi laissé choisir. J’ai eu quelques années où j’en ai eu marre, je n’étais pas toujours très assidue ni ultra investie, j’ai essayé d’autres choses ; mais finalement j’y suis revenu. Et mes parents ont toujours été là pour nous accompagner, et ça c’est vrai que ça change tout ! Le roller chez nous, c’est quand même une petite histoire de famille…

Et comme ça, tu as gravi les échelons des compétitions régionales et internationales… Peux-tu nous parler de cette « ascension » ?

Quand j’étais très jeune en Seine-et-Marne, nous avions des championnats départementaux où nous étions très nombreux ! C’était déjà un objectif important. Les championnats d’Ile-de-France étaient encore plus impressionnants ! Je me rappelle que pour certains déplacements nous y allions en car tellement nous étions nombreux ! L’une de mes principale rivale était aussi une amie, Alison Orlarei. J’ai adoré cette époque, nous pouvions être rivales sur la piste et dès que la course était finie, nous nous retrouvions pour nous amuser. C’était une autre époque, mais ce sont de supers souvenirs.

 

Témoignages :

Eric Soteau, son entraîneur au club des 2APN Avon pendant 15 ans

« J’ai entraîné Clémence de ses 3 ans à ses 18 ans. Elle est passée de l’école de patinage à la section course au club. C’était quelqu’un de très agréable et de très réservée, qui s’est épanouie avec le temps, qui a pris de l’assurance. Elle était une acharnée au travail, très volontaire. Elle s’est relevée de nombreuses chutes, tant sur le plateau qu’en course (certaines ne l’auraient pas fait) : elle en voulait, elle a réussi malgré les embuches. Je me rappelle être allé la chercher au lycée alors qu’elle était malade et deux heures après, elle était à l’entraînement. Je dirais qu’elle s’est épanouie à partir de sa première sélection en équipe de France et qu’elle a passé un palier supplémentaire au Pôle de Bordeaux sous la férule de Mathieu Boher. »

 

 

 

Justine Halbout (France), la grande sœur de Clémence, ex-membre du collectif France, multimédaillée au niveau national et européen

« Difficile d’être objective quand il s’agit de sa sœur, qui plus est avec une telle carrière ! Je retiens naturellement la chance incroyable d’avoir pu courir ensemble en équipe de France pendant quelques années et d’avoir surtout pu partager ces précieux moments en famille. Avec le recul, je mesure son évolution depuis les années junior et sa détermination qui l’a amenée à ses podiums mondiaux. Je me souviens de la joie et de l’émotion (certes à distance, puisqu’en Chine) de cette 1ère médaille qui a été l’accomplissement d’un long travail qui a porté ses fruits. Clémence est très minutieuse, précise et curieuse : elle n’a rien laissé au hasard, notamment sa technique, pour atteindre ce degré de performance ! Au-delà d’avoir fait preuve de beaucoup d’abnégation quand des blessures ou contre-performances l’ont faite fléchir, c’est une passionnée du roller et cela l’a toujours remobilisée. A ce titre, elle a pu emmener dans son sillage une jeune et talentueuse équipe de France féminine : elle peut être fière d’avoir montré la voie ! J’aurais trop à dire, mais je voulais simplement la féliciter pour son magnifique parcours qui lui permet de raccrocher sereinement les rollers et lui dire à quel point je suis fière d’elle. D’autres défis professionnels et personnels s’offrent à elle et je ne doute pas qu’elle saura les relever avec brio ! »