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Chapitre II – Vers l’équipe de France

 

 

 

 

Est-ce que tu te rappelles de ton premier podium en championnat de France ?

J’ai obtenu ma première médaille en championnat de France à Saint-Brieuc, en 2003 (en benjamine) sur une course de fond à laquelle je finis 3ème. J’étais vraiment très heureuse, mais aussi et surtout de voir mon club très content et mes parents fiers de moi. Je ne me suis pas dit que c’était le début d’une belle carrière. J’étais encore loin de savoir ce qu’était le haut niveau mais j’étais très contente de cette médaille et je pense que ça m’a quand même motivé pour la suite.

 

 

 

 

 

 

 

 

Est-ce que tu te rappelles de tes premières courses « internationales », de tes premières confrontations avec des patineuses « étrangères » ?

Je n’ai pas fait énormément de courses internationales étant jeune. J’ai commencé les 3 Pistes assez tard, et je n’étais pas très forte. Je n’étais pas à l’aise avec autant de monde, j’étais plutôt du genre à laisser passer, ne pas me faire bousculer, et regarder à côté plutôt que de foncer…. En réalité, je pense que j’ai vraiment mis du temps à avoir un esprit compétitif… Je me souviens aussi de la compétition internationale d’Ostende en 2003, ma première sélection Équipe de France. Là encore, je n’étais pas tout à fait dans l’adversité et l’enjeu des compétitions. J’étais plutôt impressionnée par ces grands événements avec énormément de monde et admirative des courses des « grand(e)s ». Ma première vraie confrontation avec des étrangères a été mon premier championnat d’Europe en minime en 2005, au cours duquel j’ai pu me rendre compte de ce qu’était ce type d’événement, l’enjeu d’un championnat et l’ambiance qui s’y dégage, et j’ai adoré ! Peut-être aussi grâce aux résultats qui ont été très bons, puisque j’ai ramené 6 médailles… Lors de ce championnat, il y avait déjà Francesca Lollobrigida ou Roberta Casù, les Italiennes. Je pense que ce championnat m’a fait basculer dans l’envie de réussir, et d’aller plus loin.

 

 

Est-ce que tu te rappelles du chemin qui mène à l’équipe de France ?

J’ai eu ma première sélection en Équipe de France à la suite de ma médaille au championnat de France. J’ai mis quelques années ensuite à me mettre dans un réel esprit de compétition et d’entraînements plus soutenus. Je pense que c’est à partir du championnat d’Europe que je me suis motivée à aller plus loin. A l’époque, au club, je m’entraînais déjà bien, il y avait un bon groupe de « grands » et ça me tirait forcément vers le haut. Puis il y avait ma sœur, j’essayais aussi de la suivre. Je pense que peu à peu, je me suis prise à la compétition, à l’enjeu des médailles. J’ai donc continué à vouloir être sélectionnée, pour vivre d’autres championnats et devenir de plus en plus forte.

 

 

Comment se sont passées tes premières compétitions avec l’équipe de France ?

Lors de ma première convocation en stage, j’étais vraiment très stressée. Je ne savais pas du tout à quoi m’attendre. Puis très vite, nous sommes devenus un collectif de jeunes très proches, on a tissé des liens, et j’étais heureuse de partir en stage pour retrouver les ami(e)s. Au niveau des courses, nous étions dans une dynamique collective, d’entraide. Lors de mon premier championnat d’Europe, je freine quelques mètres avant la ligne pour laisser passer ma leader et qu’elle gagne. C’était quelque chose de normal, je respectais les consignes. Même si parfois, je trouvais que c’était souvent dans le même sens, j’ai toujours eu cette volonté de travail d’équipe, car je crois que c’est une force indéniable. A l’époque, nous étions vraiment tournées vers la cohésion et l’esprit d’équipe. Malheureusement, les années seniors ont été différentes de ces jeunes années. Il n’y avait pas vraiment de collectif avec des courses d’équipe, mais plutôt un management individuel. C’est dommage, car les résultats auraient pu être meilleurs : à plusieurs, on est forcément plus forts…

 

 

Encore une fois, on peut imaginer l’importance des soutiens…

Mes parents ont toujours été là depuis le tout début, et sans eux, je n’aurais pas connu le roller, je n’aurais pas pu vivre tout ça, et je n’aurais pas pu atteindre ce niveau. Mes parents et ma sœur étaient là à mes premiers championnats d’Europe, puis sur presque toutes les compétitions : c’était rassurant pour moi, et puis ils étaient très fiers, et ça c’est quelque chose qui ne s’oublie pas. Ensuite, forcément Guillaume [NDLR de Mallevoue, devenu son mari] a aussi été un pilier dans cette carrière. Nous nous sommes construits ensemble, et sans lui je n’aurais pas pu arriver au plus haut niveau. Il a été mon entraîneur, mon meilleur partenaire d’entraînement, mon allié, mon épaule, ma confiance… Bref, il a été celui qui m’a permis d’atteindre les plus hautes marches du podium. Parce que pour en arriver là, il a fallu énormément de travail, pour lequel il était présent, mais aussi parce qu’il y a eu beaucoup de périodes de doutes et là encore, il m’a permis de les dépasser, de me redonner confiance et il m’a aidé à tirer le meilleur de moi-même.

 

 

Témoignages : 

 

Gwendal Le Pivert (France), multiple champion du monde et d’Europe, partenaire de Clémence au Pôle de Talence et en équipe de France pendant 15 ans

« La fin de quelque chose ne doit pas forcément être triste et moche. Est-ce qu’un coucher de soleil n’est pas tout simplement la preuve qu’une fin peut-être magnifique ? Avant toute chose, il faut savoir que le sport de haut niveau est un chapitre de sa vie vraiment à part. À part, car c’est un gros morceau du livre que tu as commencé à écrire il y a plusieurs années. À part, car aucun autre chapitre ne vous proposera autant d’émotions. Et à part car il va te changer et te façonner pour le reste de ta vie. C’est pourquoi il est impossible de commencer un nouveau chapitre de sa vie si tu continues de regarder le chapitre précédent. Une fois que tu as compris ça, tu peux continuer d’écrire tes pages en toute sérénité. C’est en 2005, à Cardano al Campo en Italie, qu’avec Clémence, nous avons ouvert le chapitre « Équipe de France ». Nous étions jeunes, insouciants et rêveurs. Aujourd’hui, 15 ans plus tard, après des milliers de kilomètres à tourner en rond sur des pistes de roller du monde entier, Clémence a décidé de clore ce chapitre. Pour moi, il est impossible de faire la rétrospective d’une carrière de plus de 15 années. Impossible tout simplement car même la personne concernée ne serait pas en mesure de vous raconter dans les détails ce que contient réellement ce passage de son propre livre. On pourrait citer les moments d’extrême euphorie après un marathon à Nanjing par exemple, tout comme on pourrait citer les moments d’extrême écœurement envers des choix contradictoires et des courses ratées. Ce serait en faire un résumé plus qu’incomplet et bâclé qui ne représenterait que trop peu ce que c’est que de vivre une carrière de sportif de haut niveau. Mais si je devais absolument faire une petite analyse, je ne commencerais pas par citer les médailles qui dans la tête de Clémence et des athlètes du monde entier représentent la réussite sportive. Je commencerais sans doute par lui dire merci. Merci, car selon moi, ce que Clémence a laissé derrière elle pour les générations futures, c’est bien plus que des médailles. Année après année, Clémence a su redonner de l’espace aux femmes dans une sélection trop masculine, elle a su redonner de l’espoir au féminin, elle a su montrer l’exemple en montrant qu’avec travail, vigueur et abnégation, le chemin vers les podiums internationaux n’est pas insurmontable. C’est lors d’un séjour d’entraînement au Mexique que Clémence m’a annoncé qu’elle mettait fin à sa carrière sportive à la suite de la saison 2019. Comment convaincre quelqu’un qui a déjà pris sa décision ? Et est-ce que c’était vraiment mon rôle ? Quoiqu’il en soit, Clémence savait que je regrettais sa décision. J’ai toujours considéré qu’elle se battait contre des ennemis qui n’auraient jamais dû en être, et qu’avec un grain de folie supplémentaire et de détachement, Clémence aurait pu atteindre le seul et unique sommet : le titre mondial. Mais voyez-vous, et je l’avais très bien compris lors de notre séjour à Monterrey, Clémence était arrivée à un point dans sa carrière où arrêter était devenu douloureux, mais continuer l’aurait été encore plus. Savoir tourner la page de ce qui a été ton quotidien et ta passion pendant de nombreuses années pour commencer la rédaction d’un nouveau chapitre que tu vas peut-être intituler « Famille » est la preuve d’une grande sagesse. Aujourd’hui, je sais, et surtout elle sait, qu’elle a fait le bon choix. Que les prochaines pages de ton livre vous remplissent de bonheur. Un personnage de ton livre : Gwendal. »

 

Ewen Fernandez (France), membre du collectif France, 8 fois champion du monde et multiple champion d’Europe, olympien sur glace à Sotchi


« Avec Clémence on se connaît depuis les sélections jeunes. Nous avons partagé énormément de sélections ensemble à travers l’Europe et le monde. Nous avons appris à nous connaître année après année et à créer une complicité. J’ai pu voir sa progression dans les pas de sa grande sœur Justine. Clémence n’a pas hésité à se remettre en question et à persévérer pour atteindre ses objectifs, jusqu’à l’obtention de cette première médaille mondial (en argent) en 2015 sur l’une des courses les plus difficile, la course à points route. Et puis elle a confirmé l’année suivante en obtenant le bronze sur le marathon. Elle a eu une belle carrière sportive et maintenant je lui souhaite d’en faire de même au niveau professionnel. Mais je lui souhaite avant tout plein de bonheur avec Guillaume pour cette nouvelle étape dans leur vie qui démarre avec de nouvelles responsabilités. »

 

Juliette Pouydebat (France), membre du collectif France, 20 fois championne de France, plusieurs fois médaillée au championnat d’Europe, vainqueure de plusieurs marathons et Europa Cups

« D’aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours connu le roller avec Clémence Halbout. Petites, nous étions déjà sur la même ligne de départ, partageant cette même passion du roller et de la compétition. Puis, en grandissant, nous avons vécu notre première sélection en équipe de France pour le Grand Prix des Flandres à Ostende. Clémence a toujours fait preuve de beaucoup de volonté et de courage. Perfectionniste dans l’âme, elle avait toujours à redire sur ses performances… Même quand elle était sur un podium international. Mais c’est cette qualité qui a fait d’elle la meilleure athlète française de notre génération. Elle a, sans aucun doute, su montrer l’exemple. Et a indéniablement permis de remonter l’estime des femmes dans notre sport. Je suis très contente et fière d’avoir partagé tous ces moments avec elle sur les courses, mais à côté aussi. Je lui souhaite beaucoup de belles choses pour ses nouveaux projets et peut-être qu’on se reverra autour d’un circuit… Qui sait ? »

 

Darren De Souza (France), membre du collectif France, champion d’Europe et champion du monde

« Clémence est l’une des personnes avec qui j’ai partagé le plus de moments au roller, que ce soit à l’entraînement, en compétition ou autour. Elle m’a soutenu dans mes déceptions et elle a partagé ma joie dans la victoire. Et c’est sûrement cette capacité à épauler ses partenaires d’entraînement qui m’a le plus marqué. C’était souvent elle que je voulais le plus voir directement après une défaite pour me remonter le moral, mais aussi pour analyser la course. Et bien sûr, je pourrais parler de son sérieux et de sa détermination, de son envie de montrer la légitimité des patineuses françaises sur la scène internationale, du modèle qu’elle a été pour de nombreuse jeunes patineuses, de sa capacité à mener un double projet très ambitieux et de son humilité. Mais c’est son empathie et son soutien que j’aimerais mettre en avant, car c’est quelque chose de moins visible pour ceux qui la connaissent moins. Je me rappelle de cette fois, après mon seul titre en championnat du monde, où je n’ai savouré le moment qu’après avoir vu dans son regard à quel point elle était contente pour moi : elle m’a fait réaliser d’une part que je devais être fier de moi, et d’autre part que partager ce moment avec une personne qui nous a soutenu dans toutes les galères le rendait encore plus délectable. »

 

Joris Gardères (France), ex-membre du collectif France et ex-partenaire de Clémence au Pôle de Talence

« Clémence, une athlète modèle
J’ai vraiment appris à connaître Clémence lors de mon arrivée au Pôle de Talence. Très vite, j’ai cerné la sportive qu’elle était : impliquée, professionnelle et avec des ambitions. Que ce soit pendant les entraînements ou les courses, elle a toujours cherché à atteindre la performance et le haut-niveau, et je crois que sa longévité et son palmarès parlent pour elle. Malgré des blessures et des coups durs, elle a toujours su rebondir, ce qui témoigne de son mental à toute épreuve.

 

Une sportive incroyable, mais aussi une amie
Au-delà d’être une sportive accomplie, Clémence est aussi devenue une amie proche. Elle fut toujours présente dans les moments de doutes, que ce soit sur le plan sportif ou le plan personnel. Avec ses partenaires d’entraînement, parfois beaucoup plus jeunes, elle prenait le temps de partager des conseils et des astuces, alors que rien ne l’y obligeait. Je suis fier de l’avoir eue à mes côtés comme compagnon de route et je lui souhaite plein de bonheur et de réussite dans sa nouvelle vie. »

 

Nolan Beddiaf (France), membre du collectif France, actuel champion du monde du marathon, multiple médaillé au niveau mondial et européen

« J’ai eu la chance de partager une grande partie de la longue carrière en équipe de France de Clémence, entre les stages et les championnats, les courses et les parties de cartes, les tablettes de chocolats et les visites de monuments dans les nombreux pays où on a pu se rendre. C’est une personne avec un caractère bien trempé et qui n’a jamais rien lâché, sur et en dehors des pistes (les parties de cartes étaient animées) ! Ce sont ces qualités qui lui auront permis d’aller chercher deux médailles mondiales en 2015 et 2016. En 2015, je me souviens l’avoir vue se dépasser plus que jamais. C’est avec force et ténacité qu’elle a bravé les trombes d’eau (ce qu’elle déteste le plus) pour aller décrocher cette médaille qui lui échappait encore. Je m’estime chanceux d’avoir partagé avec Clémence ces années en équipe de France et de la compter parmi mes amis : c’est une athlète et une personne formidable ! Merci Clémence ! »