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Peu de personnes peuvent se targuer d’être là depuis le début… Du parking du lycée d’Etampes à la Halle Jacki Trevisan (probablement la plus belle salle de France) en passant par Carpentier, Christèle Maas a vu le sport se développer de ses débuts à aujourd’hui… Elle a parfois évolué avec, et parfois plus ou moins à contre-courant. Cette maman de 47 ans, nous raconte une vie sous le signe du roller hockey !

D’Etampes à Ris

Tout commence à Etampes en 1995, petite commune du 91 au sud de Paris. À l’époque, Christèle est étudiante et travaille aussi pour Carrefour… en roller. Des caisses de supérette, elle découvre vite le street hockey. « On avait pas mal de collègues et amis qui en faisaient sur le parking du Lycée d’Etampes. Qu’il pleuve, qu’il neige ou qu’il vente, on y allait tous les dimanches après-midi. », raconte Christèle. Il en fallait peu pour qu’elle devienne mordue du sport.

« C’était vraiment cool de se retrouver avec les copains pour jouer et on a vite voulu créer un club. »

La phase de construction a été compliquée, mais le Roller hockey Club d’Etampes, aux couleurs des Calgary Flames, parvient à obtenir de la Mairie un demi-gymnase et un créneau. Suffisant pour jouer les premiers matchs de cette jeune association. En 1998, Etampes joue contre Villejuif et de là vient les premières intégrations dans des collectifs féminins. À l’époque, le championnat féminin inclut Asnières, Cherbourg, Grenoble et quelques autres villes. Chose à noter, et qui reste très important, est que la mixité n’est pas encore dans le règlement, et pour les filles, jouer en match n’était seulement possible que dans le championnat féminin. D’où la recherche constante d’une équipe féminine. François Lethuillier, précurseur du mouvement féminin au début des années 2000, a un collectif qui le suit, après Levallois et Viry, il s’installe définitivement à Ris sous l’impulsion de la présidente de l’époque Florence Martin. 

 

Ris club de coeur

En 25 ans de carrière sportive, Christèle a connu 17 années sous les couleurs de Ris-Orangis, dont 3 en prêt avec Dourdan. Une aventure hors norme et un club qu’elle considère comme sa famille. Si elle n’a pas forcèment eu le niveau d’un Marina Corbeil ou d’Aurore Gauthier, elle a toujours été respectée par la cette génération. « C’est sûr qu’avec Marina Corbeil et Aurore Gauthier, on ne bossait pas dans la même catégorie, mais je les connais depuis qu’elles sont toutes petites. »

En 2003, elle remporte sa première médaille de bronze à Briançon contre Cherbourg. De 2004 à 2007, Ris-Orangis squatte le quatuor de tête sans jamais monter sur les deux premières places. Malgré une autre médaille de bronze en 2006, la première médaille d’or, ne viendra que seulement en 2008, dans des conditions très particulière pour Christèle.

En effet, l’Essonnienne est enceinte de son second enfant et ne jouera pas les derniers matchs de la saison. « Ça a été une première médaille d’or particulière. J’ai dû arrêter en décembre, janvier et j’avais peu joué cette année, parce que j’étais enceinte. Je suis quand même restée engagée en étant sur le banc. Je me souviens qu’on a décroché le titre sur le dernier match en jouant contre La Chapelle sur Erdre. »

En 2009, les Phénix confirment avec un second titre consécutif, le premier sur les terrains pour Christèle. À l’époque, le championnat se joue avec un championnat et des matchs aller-retour avec toutes les équipes engagés. Cela permettait aux joueuses de voyager et de varier les matchs. « Ce n’était pas des zones, on allait à l’autre bout de la France et c’était bien sympa parce qu’on ne rencontrait pas tout le temps les mêmes équipes. On a fait Anglet, beaucoup de Grenoble, du Rennes, Bordeaux, se souvient Christèle. C’est une formule qui me manque un peu… ». Ris-Orangis mettra 3 ans avant de redevenir champion de France et avec une formule de championnat quelques peu changée. Contrairement aux deux premiers titres, 2012 et 2013 se jouent avec demi-finales et finale. Ris aura le meilleur de Grenoble lors de ces deux saisons.

En parallèle de ces deux titres en championnat de France, Ris va remporter les 4 premières finales de la Coupe de France Féminine, dont les deux premières éditions de Carpentier en 2012 et 2013, signant le carton plein ces saisons-là. 

Le premier Carpentier aura une saveur particulière pour Christèle : « Je me souviens particulièrement du premier Carpentier. On n’avait pas toutes joué et Cédric demande en fin de match, qui veut monter… Pour les autres, ça ne valait pas le coup. Il restait seulement 23 secondes, je me souviens. Et moi toute motivée, j’y suis allée, j’ai patiné dans tous les sens, avec mes amis qui étaient dans les tribunes et qui étaient à fond derrière moi. Voilà, j’ai joué 23 secondes de cette finale, et pour la petite histoire, mon objectif sportif personnel, a pendant longtemps été de battre ces 23 secondes de jeu. » Souvenir heureux, qui restera gravé dans la mémoire de Christèle. Objectif, pouvoir jouer toujours plus et se prouver qu’elle peut toujours mieux faire.

Avec tous ces titres et le succès qui va avec, l’USRO fait le carton plein en féminine et en popularité et peut dès 2014, se permettre d’engager deux équipes. Une pour la gagne et une pour le plaisir de jouer et donner du temps de jeu à tout le monde. Christèle devient la capitaine de ce second collectif, qui doit concilier compétition et plaisir d’apprentissage pour quelques nouvelles. « Ça a été deux années de délires. On ne se connaissait pas beaucoup à part trois filles de Ris. On avait quelques filles très moteurs et motivées et on a passé des années de folie. J’en garde un excellent souvenir. On est allé chercher de très belles médailles de bronze. » Cette deuxième équipe deviendra les prémisses de l’équipe féminine de Dourdan, lorsque Ris 2 doit être délocalisée. Une histoire pas forcément bien vécue par la principale intéressée. « Mon club, c’est Ris et j’y suis attachée, donc devoir aller jouer à Dourdan avec tout le respect que je leur dois, ce n’était pas forcément ce que je souhaitais, » 

 

Le highlight d’une carrière

En 2019, Christèle prouvera à tout le monde qu’elle est capable. En Espagne à Valladolid, lors des demi-finales de la Coupe d’Europe, Ris joue contre l’entente Seynod-Thonon-Lyon. Une demi-finale remportée par les Phénix avec le but de la victoire marqué par… Christèle. « J’ai montré que j’en étais capable. Je vois encore la tête de Marion (Mousseaux, ndlr) qui s’aperçoit que le palet est derrière elle, se souvient-elle.  Je n’ai sans doute pas le même niveau que les meilleures de Ris, mais je pense avoir toujours compensé mon niveau de jeu par une vraie envie. J’ai eu la chance d’avoir des coéquipières en or et que je connais depuis qu’elles sont petites comme Marina et Aurore. » 

 

Les joueuses qui t’ont marquées

Lors de cet entretien, on a souvent entendu les prénoms de Marina et d’Aurore revenir, ce qui nous mena naturellement sur les joueuses qui l’ont marquées.

Aurore Gauthier

J’ai été profondément marqué par Aurore. Je l’ai connu, elle devait avoir 14 ans et elle était super introvertie. Elle faisait son petit bonhomme de chemin, et l’année, où elle a été choisie capitaine, on s’est tous posé des questions. Elle ne parlait pas, elle n’échangeait pas du tout avec les joueuses. Et au fur et à mesure des années, elle a complètement changé. Elle s’est imposée naturellement sans jamais trop en faire. Maintenant, c’est limite s’il faut l’arrêter… Mais cette fille est dingue. Quand tu sais qu’elle a joué des finales alors qu’elle était enceinte. Tu te rends compte à quel point elle en a envie. Elle vit pour ce sport.

Marina Corbeil

Elle est arrivée en même temps qu’Aurore Gauthier à Ris. Tout simplement impressionnée, époustouflée par son niveau! Elle volait sur ses rollers. Elle passait partout. Et à chaque fois sa montée sur le terrain était accompagnée de « 0h », de « ah »  et d’applaudissements. Le modèle de tout un tas de filles depuis des années. Elle est devenue un élément moteur de l’équipe (surtout depuis qu’elle sait mettre un sac de hockey dans le coffre, rajoute Christèle!) Encore une « petite jeune » que j’ai vu grandir, évoluer, et faire partager sa passion. D’ailleurs la chambre de ma fille est devenu le Hall of Fame de Marina.

 

 

Laetitia Philippon

C’était au début du sport. Elle a été en Équipe de France de glace et ensuite roller. Dès qu’elle était sur le terrain, tout le monde tremblait. En plus de ça, on l’entendait sur le terrain. Elle était toujours à donner des conseils à ses coéquipières sur les placements et tout. Tu sentais qu’elle voulait gagner, mais pas toute seule. Elle voulait aussi partager et vivre l’expérience avec ses joueuses. 

 

Pour finir, nous avons laissé tribune libre à Christèle et son mot de la fin:

Quand je vois l’évolution du sport en 25/30 ans, on est parti de rien, avec des passionnés, qui jouaient sur des parkings avec les moyens du bord, pour arriver à un sport structuré et avec des gymnases exclusivement affectés à notre sport. Certes, c’est un sport encore un peu intimiste qui tente d’évoluer dans l’ombre du hockey sur glace, mais grâce à un bon nombre de personnes qui y ont cru, on a réussi à en faire quelque chose de solide. Mais ce que je trouve super dans ce sport, c’est justement ce côté grande famille. On croise énormément de gens formidables, qui donnent envie de s’investir, de participer au développement de notre sport.

Je regrette peut-être le décalage entre le Roller hockey féminin et masculin. Depuis le temps que je joue, j’ai trop vu d’équipes purement et simplement chassées de leurs clubs, car c’était des équipes féminines, que ça n’intéressait pas et que ça coûtait trop cher.

Certes, le niveau est en deçà des équipes masculines, mais il a quand même sacrément progressé sur l’ensemble des féminines. La preuve certaines filles jouent en mixte sur du haut niveau masculin. D’ailleurs, la mixité, a été une formidable initiative ! Avant, les filles ne pouvaient plus jouer en mixte à partir de la catégorie cadet. Ça limitait sacrément le nombre de matches et l’évolution de leur jeu.

En tout cas, c’est un sport de passionnés, de personnes dont leurs vies tournent autour de ça. Il faut garder cet esprit.

Quant à moi, tant que je tiens sur les rollers, je ne suis pas prête de raccrocher ! Et pour l’après, mes copines m’ont offert un joli cadeau qui pique, un déambulateur custom aux couleurs de la fédération ! 

 

© Crédits photo: Christine Garcia, Marco Guariglia, 5YOU