Espace dirigeant Espace licencié Boutique Presse Partenaires
Logo principal du site

 

L’équipe de France de vitesse au quatrième rang mondial !

 

Les World Skate Games 2022 se sont déroulés du 29 octobre au 6 novembre à Buenos Aires, en Argentine, pour le roller de vitesse. L’équipe de France en est revenue avec quatre médailles d’or, une médaille d’argent et huit de bronze. Les fondeurs et les sprinters ont brillé, preuve s’il en était de la polyvalence et de la richesse du collectif des Bleus.

 

Des débuts en fanfare sur la piste

 

Samedi 29 octobre : l’équipe de France est déjà présente sur la piste Vicente Lopez depuis près de dix jours pour s’entraîner et chercher à dompter l’anneau bleu. Et elle nous offre un fantastique début de compétition. Dès la première course de fond, Martin Ferrié va chercher l’or à élimination Seniors hommes tandis que Doucelin Pédicone décroche le bronze.

Trois autres médailles de bronze viennent s’ajouter à la moisson du jour des Tricolores : celles de Marine Lefeuvre (élimination), d’Elton de Souza (200m) et de Kevin Fourneret (points/élimination). Aubane Plouhinec termine quant à elle à la quatrième place, ce qui laisse augurer une bonne suite de championnat.

Le jour 2 des World Skate Games a été perturbé par la pluie. De nombreuses finales ont dû être reportées au 31 octobre, jour 3 de la compétition. Cela n’a pas du tout déconcentré les Tricolores : au matin du 31, Martin Ferrié remporte son deuxième titre de champion du monde sur la course à points/élimination, tandis qu’Yvan Sivilier prend le bronze en finale du 500m. Le relais des Juniors hommes termine lui aussi à la troisième place. Seul bémol : le relais des Seniors hommes est disqualifié dans la dernière course sur piste de ces World Skate Games, alors qu’il avait franchi la ligne d’arrivée en première position…

 

Le bilan sur la route

 

Sur le circuit tracé dans les rues de Puerto Madero, les Français sont allés chercher trois médailles : deux par l’entremise des Seniors hommes et une grâce à la Junior Aubane Plouhinec. A plusieurs reprises cependant, les Bleus ne sont pas passés loin du podium. Au fil des années, la concurrence internationale progresse et devient plus performante sur la route : c’est un élément à prendre en compte pour l’avenir.

Nolan Beddiaf est devenu mercredi 2 novembre champion du monde du 15km à élimination sur route. Parfaitement épaulé par Martin Ferrié, son coéquipier de luxe, Nolan a pu se défaire des deux Colombiens Juan Mantilla et Andres Gomez dans le final. Martin, qui a passé la ligne en troisième position, a par la suite été disqualifié. C’est donc esseulé que Nolan a pris le départ de la course à points le jour suivant, sans pouvoir réellement défendre ses chances, dans une course durant laquelle il n’aura jamais été possible de se mettre dans le bon sens.

Yvan Sivilier est devenu quant à lui vice-champion du monde du tour, une épreuve dans laquelle il faut allier vitesse, puissance et maîtrise. Autour de lui pour la finale, des pointures du sprint mondial, forcément. Johan Guzman (Espagne), Duccio Marsili (Italie) et Andres Jimenez Torres (Colombie). Auteur d’un départ canon, Guzman volait sur la route et vers le maillot arc-en-ciel pour franchir la ligne en 30.058. Yvan, médaillé d’argent, stoppe le chrono en 30.196, devant Marsili (30.247). Andres Jimenez Torres (30.603) aura été spectateur de cette finale… Yvan confirme ses résultats de l’été et le cap passé ces derniers temps.

Enfin, Aubane Plouhinec a décroché le bronze de la course à élimination sur route dans la catégorie Junior. Lancée dans un peloton de 33 patineuses avec sa coéquipière Sterenn Delugeard, Aubane a d’abord dû jouer la patience et le positionnement. Au fur et à mesure des tours et des éliminations, la tension montait, le paquet s’élargissait au passage de la ligne. Aubane parvenait à rester placée dans les trois premières positions, s’intercalant entre les Colombiennes et les Italiennes. Elle termine donc finalement troisième, derrière Luna Vargas Rodriguez (Colombie) et Alice Marletti (Italie). Un superbe résultat qui vient couronner une saison de haute volée pour la Française.

 

Le feu d’artifice du marathon

 

Il l’a (re)fait ! Déjà couronné à l’issue du marathon des deux précédentes éditions des World Skate Games (anciennement Roller Games), Nolan Beddiaf est (re)devenu champion du monde du marathon à Buenos Aires. Le Français s’est sorti de tous les pièges du circuit tracé dans les rues de la capitale argentine. Ses coéquipiers de l’équipe de France ont eu un rôle crucial dans ce couronnement, démontrant encore une fois que le roller de vitesse est un sport individuel qui se pratique en équipe.

Après une analyse de tous les points du circuit, l’objectif était de tout faire exploser dans la côte de l’ambassade de France, magnifique bâtiment que les athlètes n’ont pas eu le temps d’admirer, et pour cause ! Thomas Boucher avait établi une stratégie d’une attaque à quatre afin d’assurer un minimum de deux patineurs à la bascule. Il fallait restreindre le peloton à quelques unités pour un sprint massif, ce qui rendrait les choses plus facilement gérable pour l’équipe. L’attaque a fait très mal et une échappée a pu se créer. L’équipe a appliqué la stratégie à la perfection et le résultat leur a souri.

Avec ce nouveau titre, le deuxième dans ce championnat et son troisième dans les World Skate Games, Nolan revient sur « le toit du monde ». En voyant les images du déroulement du marathon en direct, on peut dire sous forme de boutade qu’on préfère « le toit du monde » au « toit d’une voiture ou d’un bus ». Si ce n’était qu’une boutade… De nombreux patineurs et de nombreuses patineuses ont évité le pire dimanche matin à Buenos Aires. Sincèrement, on aimerait vraiment ne plus revoir cela…

Chez les femmes, c’est un peloton massif de patineuses Juniors, Seniors et Masters, qui s’est élancé sur le circuit de Puerto Madero, cinq petites minutes après celui des hommes. Marine Lefeuvre prend une belle 7ème place au terme de ce long sprint. On sait qu’elle aspirait à mieux et on lui souhaite le meilleur pour la suite, comme à toutes ses coéquipières, dont la quasi-totalité est arrivée placée dans ce sprint final. On regrettera bien évidemment la présence des hommes, lâchés, qui se sont invités dans ce sprint et créant le trouble dans l’attribution d’un titre mondial.

L’équipe de France de vitesse termine donc au quatrième rang des nations de ces World Skate Games 2022 (et au deuxième rang du classement Senior) avec 13 médailles en tout (4 médailles d’or, 1 d’argent et 8 de bronze). La Colombie (42 médailles), Taiwan (18 médailles) et l’Espagne (10 médailles, dont 3 en argent) composent le podium.

Un petit mot pour finir au sujet de Mathilde Pedronno. La sprinteuse de l’équipe de France s’est blessée lors des séances d’entraînement avant le début du championnat. Elle était sur une très bonne dynamique et en confiance jusqu’alors. Elle nous avait déjà épatés en 2019 à Barcelone, lors de l’édition précédente des World Skate Games, décrochant une médaille d’argent sur la piste. On lui souhaite un prompt rétablissement et nous espérons la revoir le plus vite possible au plus haut niveau !

 

Interview avec Thomas Boucher, sélectionneur de l’équipe de France

 

« On reste une nation forte de la course »

 

 

 

Bonjour Thomas. Quel bilan tires-tu de cette édition des World Skate Games ?

D’un point de vue organisationnel, c’est honteux d’accueillir un championnat du monde dans ces conditions. Je ne jette pas la pierre uniquement sur l’organisation locale, mais aussi sur la World Skate dont c’est la responsabilité de s’assurer que les choses sont bien mises en place. Alors, lorsqu’il n’y a qu’une photofinish/secrétariat gérée par une seule personne ne connaissant pas le roller, il ne faut pas s’étonner de tous les problèmes qui sont intervenus quotidiennement. Un exemple : je pense à Florian Bernard parti s’échauffer avant une demi-finale du 500m sans savoir, 5 minutes avant le départ, s’il est qualifié… Ce n’est pas vraiment l’idéal pour la performance. Donc sur cet aspect, la World Skate s’est trop vite défaussée sur l’organisateur, occultant complètement sa part de responsabilité dans le processus organisationnel d’un mondial.

D’un point de vue sportif, la France réalise un très bon mondial. Les gens s’habituent vite aux victoires tout en oubliant qu’en 2019 par exemple, l’équipe n’avait gagné qu’une seule médaille d’or au marathon. Gagner 4 titres pour la France, c’est un très bon résultat, c’est dans les meilleurs résultats. Chez les Seniors hommes, nous sommes présents sur toutes les distances, excepté le 100m. Chez les femmes, on attend toujours mieux mais le niveau était plus dense que l’année passée. Il y avait une équipe de Colombie au-dessus des autres : ça réduit tout de suite les possibilités de médailles. Il faut prendre le temps d’analyser la concurrence très redoutable pour en être plus proche dès 2023, au mondial. De plus, il ne faut pas oublier la blessure de la sprinteuse Mathilde Pedronno, qui était aussi une chance de médailles pour la France.

Chez les Juniors, l’effectif était constitué de 50% de première année et 50% de seconde année. Il y a donc une part d’apprentissage qui servira, je l’espère, en 2023. Cependant, avec quatre médailles au total, dont une chez les filles, le championnat est bon. Nous aurions aimé une médaille d’or chez les garçons, mais la concurrence était très relevée.

On reste une nation forte de la course : l’objectif est donc atteint.

J’en profite pour remercier le travail des entraîneurs, des bénévoles et de l’entourage qui gravitent autour des athlètes et qui sont d’un précieux soutien tout au long de l’année.

 

En général, cette année aura été satisfaisante pour l’équipe de France.

 

L’objectif était d’être au maximum seconde nation à l’Euro et dans le Top 5 au mondial. L’aspect intéressant réside dans le fait qu’on réussit à remporter un plus grand nombre de médailles entre 2021 et 2022 par rapport à nos concurrents européens. La densité de médailles est intéressante car elle permet souvent d’observer que les résultats ne reposent pas que sur un ou deux individus comme pour l’Espagne par exemple. En Seniors hommes, vous avez quatre médaillés au mondial 2021, cinq en 2022 (dont deux nouveaux), et nous avons d’autres exemples sur le championnat d’Europe dans les différentes catégories.

Avant tout, on court pour l’équipe de France. Mais l’équipe de France, ce n’est pas simplement faire des performances et ramener des médailles. C’est une manière d’être et de vivre en groupe dans un environnement complexe. L’humilité, la solidarité, la concentration, le respect sont autant de valeurs nécessaires et indiscutables au sein du collectif.

Et ce sont ces valeurs, et bien d’autres, qui doivent guider le collectif vers la performance. Les qualités techniques, physiques, elles sont présentes. En revanche, la manière d’obtenir les résultats est bien plus importante par la stratégie, la réflexion, le sérieux de la préparation, le technico-tactique, et le collectif.

Depuis l’année passée, nous gagnons plus de médailles que l’Italie globalement. Nous avons de bons éléments dans chaque catégorie. Cet afflux de jeunes prometteurs, formés dans les clubs, dans les structures du PPF, permettent de voir l’avenir positivement. C’est l’objectif que nous devons avoir, celui de toujours former des jeunes qui vont alimenter l’équipe de France. Car n’oublions jamais qu’avant d’être champion(ne) du monde Senior, nous sommes tous passés dans les catégories jeunes. Cette formation des jeunes permettra la pérennité de la discipline course au niveau international.

 

Comment se profile la saison 2023 pour l’équipe de France ?

 

Un des objectifs principaux sera bien évidemment de réaliser un beau championnat d’Europe à domicile. Mais l’objectif principal reste de conserver un niveau de performance élevé au championnat du monde qui se déroulera en Italie, certainement sur une piste parabolique. Des objectifs plus précis par catégories et spécialités seront définis au cours de l’année, mais l’important est de rester positionné dans les meilleures nations mondiales et pour cela, les victoires sont indispensables.

L’année s’articulera certainement autour de stages et de compétitions de préparation. Nous devons encore attendre des éléments de calendrier pour pouvoir planifier précisément la saison, même si nous avons des dates officieuses des championnats internationaux. Nous avons besoin d’un calendrier national et international figé afin de pouvoir poser la préparation annuelle de l’équipe de France.

La préparation est toujours faite de manière globale, en prenant en compte la manière dont les athlètes s’entraînent dans leur quotidien et les attendus sur des échéances internationales. La notion tactique doit continuer à être renforcée même si on a pu voir cette année une certaine maturité s’installer dans ce domaine. Cela n’empêche pas de manquer certaines courses mais dans l’ensemble, le collectif a passé un cap et maitrise bien les stratégies possibles sur les différentes distances. J’insiste toujours beaucoup sur les relais en stage car la préparation permet de diminuer fortement l’incertitude de cette épreuve : si la France n’est pas sur le podium à Buenos Aires ou à L’Aquila, ce n’est pas par manque de maitrise de l’épreuve, mais à la suite de chutes et de disqualifications.

Nous allons prendre le temps de faire le bilan de l’année 2022 afin de préparer au mieux 2023 et accompagner les athlètes dans les meilleures conditions afin de rester tout en haut des classements.

Interview : Vincent Esnault 
Photos : FFRS